Éditorial

Faites des mères !

Publié le 04/03/2016
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jean

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Pauvre Marisol Touraine ! Ses récentes tentatives pour se réconcilier avec les médecins ont fait pschitt, comme si même la calinothérapie ne marchait plus avec eux. Dernière illustration en date de l’échec de cette stratégie, l’annonce mi-février d’un Avantage Supplémentaire Maternité (ASM) pour les femmes médecins de secteur 1. À peine la ministre recevait-elle quitus de la part de MG France qu’elle se prenait en retour une volée de bois vert des syndicats polycatégoriels dénonçant une discrimination sur le dos des consœurs secteur 2. Quelques heures plus tard, c’étaient au tour des paramédicales de crier famine comme pour mieux vérifier la validité de la théorie des dominos… L’affaire est d’autant plus cruelle pour Marisol Touraine, qu’elle advient sur un sujet – les droits des femmes – sur lequel elle manifeste une réelle sensibilité.

Sur la polémique actuelle, tout a été dit… ou presque. Constatons juste que s’il n’est pas absurde de favoriser les praticiens qui pratiquent des tarifs opposables, le moment et la manière étaient peut-être mal choisis. Car l’affaire est révélatrice de la mutation d’une profession qui en bien des endroits se raréfie et dans laquelle les femmes prennent une place croissante, et ce quel que soit le secteur dans lequel elles exercent. La maternité s’accordant mal avec les rythmes denses et le stress inhérent au métier de soignant, il était donc logique de trouver une solution pour tout le monde. Mais comment faire, sans désavantager les unes ou discriminer les autres ? À l’instar de l’ASV, sans doute aurait-il fallu imaginer un système dans lequel toutes auraient droit à l’ASM, mais avec une contribution de la collectivité plus généreuse pour celles qui s’abstiennent de dépassements.


Au passage, cette histoire de protection sociale est d’ailleurs emblématique des défis statutaires auxquels se trouve confrontée la médecine de ville. Qu’il s’agisse de l’ASM pour les femmes médecins, d’un statut de PTMG en zones sous-denses en bien des points proche du salariat, du développement de la ROSP, que préconise le Collège de la médecine générale, ou de la dynamique de recertification suggérée par l’Ordre, de nouvelles règles du jeu se profilent, qui dérogent de plus en plus à l’exercice libéral traditionnel. Vos représentants peuvent-ils accepter les unes en récusant les autres, tout en réclamant l’accès au secteur 2 pour tous les praticiens comme il y a 25 ans ? En ces temps de négociations, concilier ces évolutions relève un peu de la quadrature du cercle…

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr