Les syndicats de médecins toujours remontés après leur réunion avec Castex

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Publié le 11/03/2021
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le Premier ministre Jean Castex espérait apaiser les syndicats de médecins libéraux et l’Ordre, en colère après que la profession a été privée de vaccins cette semaine. C’est raté ! Au lendemain de la réunion virtuelle organisée par Matignon, tous les médecins y ayant participé sont mécontents de l’issue de cet échange de plus d’une heure. Ils accusent le gouvernement de vouloir les marginaliser dans la stratégie vaccinale.

« Olivier Véran n’était pas clair dans ses explications », regrette le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), joint par Le Généraliste. « J’en ai marre des paroles : j’attends des décisions et des actes », ajoute le syndicaliste, amer.

« Ils ont fait de nous des boucs émissaires »

Alors qu’il se montrait jusqu’à présent mesuré dans ses critiques, le patron de la Confédération n’a pas hésité à pointer la responsabilité du locataire de Ségur, dénonçant la mauvaise organisation de la campagne mais aussi la logistique, estimant trop longs l’acheminement et la distribution des doses dans les différentes officines, aléatoire, ce qui le révolte. « Le ministre de la Santé est dépassé par les événements, alors qu’il y a une vraie crise chez les médecins, sur le terrain… mais il ne connaît pas la médecine libérale », assène aujourd’hui le Dr Ortiz.

Le néphrologue catalan sent sa profession vilipendée, quelques jours après que le gouvernement a annoncé que les commandes de vaccins AstraZeneca seront réservées cette semaine aux seuls pharmaciens (autorisés à réaliser des injections à partir du 15 mars) : « Ils ont fait de nous des boucs émissaires, après nous avoir méprisés lors du Ségur de la santé et l’affaire des masques FFP2. »

Une « réunion lunaire »

Même constat du côté de la Fédération des médecins de France (FMF) qui, dans un communiqué, parle d’une « réunion lunaire » dans laquelle ils ont eu « l’impression d’être dans le bureau du proviseur qui tente de rabibocher les enfants avec le professeur. » Cette réunion virtuelle témoigne selon le syndicat « d’un réel mépris par la vacuité des propos et de l’absence totale de réelle stratégie vaccinale en phase avec une réelle absence de stratégie sanitaire. »

Une agression contre la profession

De son côté, le syndicat MG France a confirmé mercredi soir dans un communiqué son énervement. « Les explications du ministre ne suffiront pas pour calmer la colère des médecins généralistes. » Le syndicat redoute que la pénurie de vaccins perturbe la campagne sur le long terme. « Le médecin généraliste qui n’aura pas obtenu les vaccins pour ses patients le samedi ne sera sans doute pas enthousiaste pour aller vacciner le dimanche, met en garde le syndicat. Contourner la médecine générale dans le processus de vaccination est non seulement une agression contre une profession mais aussi une perte de chance pour la population. »

150 appels de médecins écœurés et furieux

Le Syndicat des médecins libéraux a lui réagi par la voix de son président Philippe Vermesch, qui s’est confié au Généraliste après la réunion : « Je ne sors pas soulagé », a-t-il déclaré. Réagissant au chiffre annoncé par le gouvernement de près de 600 000 vaccinations dans des centres le week-end dernier (entre vendredi et dimanche), avec le renfort des pompiers, le médecin a regretté « un coup de com', au détriment de l’organisation des médecins généralistes. » Le stomatologue a également confirmé la grogne qui monte, au sein des cabinets, relevant que « 150 médecins écœurés et furieux » avaient appelé le siège de son syndicat au lendemain du DGS-Urgent.

Si la volonté du gouvernement était d’éteindre l’incendie, les récentes déclarations du Pr Fischer et la réunion de mercredi soir ont plutôt ajouté de l’huile sur le feu.


Source : lequotidiendumedecin.fr