Si l’on voulait illustrer le comportement qui prédomine ces dernières années on pourrait le qualifier de décubitus verbeux bruyant ; j’en prends pour exemple notre ministre qui, dans le domaine stricto sensu de la santé, n’a strictement rien fait (et ne rien faire en quatre ans il faut le faire !) ; laquelle ministre nous abreuve de pensées profondes du genre « pour la nouvelle convention je veillerai à ce qu’il y ait moins d’attente pour les consultations de spécialistes » ; attention elle va leur faire les yeux encore plus gros ! (À moins que ses conseillers techniques n’aient découvert la « parthénogenèse » du spécialiste) ; laquelle ministre rustinopathe va ânonner quelques explications télévisuelles fumeuses lors de l’accident d’essai thérapeutique à Rennes ; on n’est même pas sûr qu’elle comprenait ce qu’elle lisait (ah ! La télé : voilà un truc qui montre qu’on est à l’écoute !) ; laquelle ministre donne toute liberté aux partenaires sociaux, comme on dit, pour négocier… Rien du tout ! (Bonjour la mascarade des futures négociations conventionnelles) ; la liste est longue : paraître, pérorer… Et attendre le pantouflage.
Bien sûr on pourrait penser que ce culte du verbe et de l’inefficacité est le propre du politique mais c’est bien vite oublier que « tel chien tel maître » : le politique nomme ses conseillers à son image et c’est ainsi que l’on voit disparaître nombre de médicaments de nos ordonnances en vertu du sacro-saint principe du parapluie : quand on a laissé passer le sang contaminé et le médiator on prend des précautions… Et on revisite les médicaments de la préhistoire, histoire de… : plus de codéine avant 12 ans, plus de Primalan avant deux ans… J’en connais des parents qui vont se marrer ! Mais c’est pas grave ils ont le temps : ils sont chômeurs ! Bon ! Bientôt ce sera le tour de l’aspirine ! Il est vrai que la HAS est bien influencée par le politique !
Bien sûr on pourrait penser que si les conseillers sont à l’image de leur maître, il n’en est rien des actifs, les vrais, dont nous sommes . Et bien non ! Ne pas se mouiller ne pas être considérés comme responsables devient la règle, c’est tellement plus reposant ! Ainsi le patient hospitalisé ne doit pas rester longtemps à l’hôpital et le médecin n’a ni le temps ni l’envie de prendre de risques : c’est simple, ouvrons le parapluie, contentons-nous d’appliquer le « protocole » et prenons avis complémentaire auprès d’un autre service ou d’un autre confrère sachant pertinemment que le rendez-vous sera dans deux mois pour le meilleur des cas : mourir d’accord ! Mais de mort lente et naturelle !
En fait nous devenons tous comme nos hommes politiques, du moins il me semble, paralysés par la prise de décision, cachés derrière les « protocoles » de tous poils….et de moins en moins efficaces, même ceux comme moi trop vieux pour avoir été formaté par les nouvelles règles : moi-même qui ai laissé tomber grand nombre d’actes au prétexte de non-reconnaissance de leur valeur ; sais-je encore les faire ? les médicaments non-HAS vont-ils tomber dans l’oubli ?
Je me souviens pourtant d’un temps ou,après le doute et l’anxiété, venait le plaisir incommensurable et fugace d’être bon, d’avoir trouvé, été utile et rendu service.
Au bout du compte ne méritions-nous pas Marisol Touraine et son patron ?
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