C'est une première pour l'Ordre des médecins. Après avoir présenté 10 propositions pour réformer la santé début février, le Cnom a sollicité les médecins sur le site La Grande Consultation afin qu'ils choisissent cinq questions à adresser aux candidats. Patrick Bouet, président du Cnom, présentait aujourd'hui les réponses des candidats à ces interrogations, en vidéo. Cinq prétendants à l'Élysée ont donné suite : Marine Le Pen (FN), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Fillon (LR), Emmanuel Macron (En Marche) et Benoit Hamon (PS). Les candidats ont confirmé les grandes lignes de leur programme santé dans des vidéos visibles sur le site.
Le Pen se veut généreuse... sauf pour les clandestins !
Suppression de l'AME et du tiers payant, revalorisation de la consultation,... Marine Le Pen a repris les idées déjà exprimées plus tôt dans la campagne, à quelques exceptions près : la candidate FN propose de revaloriser de 30 % le budget public dédié à la recherche scientifique et médicale. Côté formation, un stage de 6 mois obligatoire en zone sous-dense permettrait selon elle d'inciter les jeunes à s'installer et remédier aux déserts médicaux. Enfin, si elle encourage le développement des MSP, elle parle aussi de la création de maisons de santé "dédiées aux petites urgences", afin, dit-elle, d'éviter que les urgences ne passent à côté de pathologies graves.
Dupont-Aignan veut un médecin de campagne avenue de Ségur !
On retrouve également cette idée de "maisons d'urgence" dans la réponse de Nicolas Dupont-Aignan, qui outre ce point-là, insiste sur sa volonté de supprimer le tiers payant, se montre l'un des plus généreux avec un Ondam à 3 % ou une augmentation du prix de la consultation à 35 euros pour les généralistes. Pour répondre aux déserts médicaux, le candidat souverainiste de Debout la France veut également augmenter le numerus clausus à 10 000 (8 124 actuellement). Il prône aussi la suppression des charges sociales et un contrat de 5 ans pour les médecins qui choisissent d'exercer en zones défavorisées. Enfin, Nicolas Dupont-Aignan refuse de voir "un ou une technocrate" prendre la place de ministre de la Santé dans son gouvernement : ce sera idéalement "un médecin de campagne, un bon, et il y en a", affirme-t-il devant l'Ordre.
Fillon veut rémunérer la consultation téléphonique
François Fillon met, lui, l'accent sur la rémunération des médecins libéraux en proposant de la "revaloriser de façon régulière", sans pour autant préciser de combien. Le candidat LR donne aussi des indications supplémentaires concernant les mesures qu'il souhaite mettre en place pour inciter les médecins à s'installer en zone sous-dotées, par exemple des dégrèvements de l'URSSAF et des honoraires plus importants. Sur la question de la réorganisation des urgences, François FIllon dit qu'il faut "pouvoir associer les médecins généralistes à la gestion des urgences". Les généralistes seraient alors rémunérés pour des consultations téléphoniques "qui permettent déjà de faire une forme de régulation".
Sortir du paiement à l'acte pour Macron...
Création de 1 000 maisons de santé supplémentaires, évaluation du TPG… Emmanuel Macron ne bouge pas non plus les lignes de son programme, mais apporte de vrais éclaircissements. Il est ainsi revenu sur les pistes tarifaires suggérés début 2017, qui plairont aux uns, mais pas aux autres, : augmenter la part du forfait dans la rémunération des médecins, aussi bien hospitaliers que généralistes. "En matière de tarification, je veux revoir profondément la philosophie aujourd'hui retenue. À la fois pour les médecins libéraux comme pour l'hôpital. Je souhaite que l'on sorte de la tarification à l'acte, elle ne doit représenter que 50 % maximum de la tarification de l'hôpital", explique-t-il.
Hamon revient sur le conventionnement sélectif
Enfin, Benoit Hamon a reparlé, devant la caméra, des mesures coercitives à l'installation qu'il prévoit de mettre en place. Il réaffirme là l'idée d'un déconventionnement des médecins qui décideraient malgré la réalité territoriale de s'installer en zone déjà bien dotée en médecins. Une mesure qui était pourtant absente lors de l'annonce de son programme hier jeudi. Aurait-il changé de cap entre la rédaction de sa réponse au Cnom et la conférence de presse d'hier ?
Mélenchon boude le Cnom... et veut le supprimer
Le grand absent de cette consultation reste Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise). Ce qui n'empêche pas le candidat de la gauche de la gauche de parler de santé ailleurs que devant le Cnom, qu'il ne semble visiblement pas porter dans son cœur. Vendredi matin, il était l'invité de la matinale de RMC info et a martelé qu'il souhaitait tout bonnement supprimer l'Ordre. Alors que le journaliste Jean-Jacques Bourdin lui demande comment il souhaite sanctionner les médecins qui pratiquent les dépassements d'honoraires, "En les radiants de l'Ordre ?", demande-t-il. Jean-Luc Mélenchon répond : "Le conseil de l'Ordre sera aboli parce que c'est une organisation pétainiste !". Pas étonnant donc que le candidat de la France insoumise n'ait pas répondu à l'initiative de l'Ordre. Ce faisant, le candidat Mélenchon reprend une vieille lune de la gauche : en 1981, c'était une des dispositions phares de François Mitterrand qui l'avait mise dans ses 101 propositions, mesure qui ne fut toutefois jamais appliquée...
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