La poursuite du tabac chez un patient atteint d’un cancer est pénalisante sur six points. Elle diminue l’efficacité de certains traitements, elle augmente les effets secondaires de tous les traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), elle augmente les risques d’un deuxième cancer, elle augmente les risques de récidive et/ou réduit les délais d’apparition de la récidive, elle diminue la qualité de vie et la survie dans certaines localisations. Tout ceci sans considérer les autres effets du tabac, sur le système cardiovasculaire par exemple.
De multiples risques
En cas de traitement chirurgical, la poursuite du tabagisme peut entraîner des complications locales de cicatrisation et deux fois plus de risques infectieux, sans compter un risque anesthésique plus important, avec complications pulmonaires.
En cas de radiothérapie, il peut exister un contrôle locorégional médiocre de certaines tumeurs et une augmentation des effets indésirables, tels xérostomie ou dysgueusie.
En chimiothérapie, plusieurs études ont montré la diminution de l’efficacité de certaines molécules, notamment une diminution de l’effet du cetuximab en cas de cancer colorectal ou encore des taux de réponses diminuées à l’erlotinib.
En outre, la poursuite du tabagisme peut aggraver l’asthénie du patient en chimiothérapie, exacerber la perte de poids et augmenter les effets secondaires cardiaques et pulmonaires des traitements. Sans compter les incidences sur les infections.
Des études ont montré que la poursuite du tabac après un cancer du sein peut tripler le risque de cancer du poumon. Certaines ont révélé l’apparition de cancer de l’œsophage et de cancer bronchique après un cancer ORL. La toxicité directe de la fumée de cigarette y a vraisemblablement sa part de responsabilité mais il est possible qu’il existe une interaction du tabac avec les traitements. Cette éventualité fait actuellement l’objet de travaux de recherche.
La notion de qualité de vie a également une haute importance. Elle a été évaluée à distance des traitements et l’analyse a laissé apparaître que les patients présentent plus de fatigue et de douleurs quand ils continuent à fumer après le traitement. Enfin, 70 % des études sur la survie ont révélé une diminution de la survie quand les patients continuaient de fumer, ceci étant particulièrement marqué dans les cancers ORL ou colorectaux.
« Quand un médecin annonce à un patient qu’il est atteint d’un cancer, il lui arrive de lui dire que ce n’est pas le moment d’arrêter le tabac, s’indigne la Dr Anne Stoebner-Delbarre (Montpellier). Or ce n’est pas au médecin d’en décider, alors que 30 à 60 % des patients arrêtent spontanément leur consommation après l’annonce du diagnostic. Une étude de l’ICM (1) sur 1 400 patients montre que 67 % des fumeurs souhaitent un sevrage et 55 % d’entre eux demandent une aide pour être accompagnés dans leur démarche ».
(1) À paraître
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