Les cancers du sein triple négatif (CSTN) avec une forte expression de la protéine de surface Trop2 sont associés à des taux de survie plus faibles. L’étude de phase 3 OptiTrop-Breast01 visait cette protéine, avec l’anticorps conjugué (AcC) sacituzumab tirumotécan en monothérapie, chez des femmes au stade localement récurrent ou métastatique ayant reçu deux thérapies antérieures ou plus, dont au moins une pour la maladie métastatique. Elle démontre un bénéfice statistiquement significatif et cliniquement pertinent en termes de survie sans progression (SSP) et de survie globale (SG) par rapport à la chimiothérapie. Et ce, avec un profil de sécurité gérable, chez ces patientes lourdement prétraitées ayant des options de traitement limitées. La SSP médiane était de 5,7 [4,3 à 7,2] mois contre 2,3 [1,6 à 2,7] mois avec la chimiothérapie, soit une SSP à 6 mois de 43,4 contre 11,1 %.
Des options ouvertes en dernières lignes
Déjà approuvé pour le traitement du cancer du sein avancé/métastatique HER2+ ayant déjà reçu un anti-HER2, l’AcC trastuzumab déruxtécan (T-DXd) a été évalué dans l’essai DB-06 chez des patientes avec cancer du sein métastatique (CSm) HR+, HER2-low ou ultralow, après progression de la maladie sous thérapie endocrine et sans chimiothérapie préalable pour métastases.
Là aussi, T-DXd montre une amélioration statistiquement significative et cliniquement pertinente de la SPP par rapport à la chimiothérapie, avec des résultats cohérents entre les HER2-low et ultralow. La sécurité était conforme aux profils connus.
Pour les auteurs, ce travail établit le T-DXd comme standard de soin après au moins une thérapie endocrine pour les patientes avec un CSm HR+, HER2-low et -ultralow. « L’AcC trastuzumab déruxtécan pourrait devenir un traitement de première intention pour les cancers du sein métastatiques avec récepteurs hormonaux positifs après progression sous traitement endocrinien, confirme la Pr Muriel Dahan (Unicancer). Ce, malgré certains effets secondaires dont les pneumopathies interstitielles, survenues chez 5 % des participantes. »
Les essais cliniques adaptatifs et les algorithmes d’IA vont permettre des designs d’études plus flexibles
Pr Muriel Dahan
De manière générale, la multiplication des voies thérapeutiques et des cibles, la possibilité de les combiner selon des séquences spécifiques (néoadjuvant, adjuvant, métastatique) permet déjà, et encore plus dans un futur très proche, de mieux gérer les traitements, de les adapter au plus près du profil de chaque patiente, et d’éviter les errances thérapeutiques et les échecs. « Nous sommes de plus en plus capables de comprendre et de répondre à la surexpression de certaines cibles, aux mutations génétiques ou modifications épigénétiques, souligne la cancérologue. Progressivement, les essais cliniques adaptatifs et les algorithmes d’intelligence artificielle permettront des designs d’études plus flexibles, avec des résultats en temps réel. Pour entrer de plain-pied dans la médecine personnalisée. »
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