«Au sein du parcours de soins d'un patient, il est important de coordonner au mieux les différentes expertises, rappelle le Dr Mario di Palma. Celle de l'hôpital, médicale et technique, celle des libéraux, médecin généraliste, pharmacien, infirmière et celle du patient lui-même, qui sert de liens entre tous les acteurs». Cette coordination se fait à plusieurs niveaux, notamment au niveau humain par exemple avec les infirmières de coordination, ou par le biais des consultations et des appels téléphoniques. Mais bien sûr, le développement des nouveaux outils de communication, en particulier des outils connectés, devrait permettre d'aller encore plus loin dans la coordination des expertises. Cette coordination peut s'appuyer directement sur des outils tels qu'une balance connectée, mais aussi sur des données renseignées par le patient qui génèrent des alertes. Un travail est en cours à l'Institut Gustave Roussy, l'essai CAPRI. Il compare chez des patients recevant une chimiothérapie ou une thérapie ciblée, le suivi habituel et le suivi par une infirmière de coordination couplé à une plateforme dédiée où le patient peut préciser des paramètres tels que le poids ou l'appétit. Le critère primaire d'évaluation est le maintien de la dose intensité du traitement, et le critère secondaire la qualité de vie du patient.
Vers une augmentation de la survie
«Lors de la dernière édition du congrès de l'ASCO, une étude a mis en évidence pour la première fois une augmentation de la survie chez les patients bénéficiant d'un suivi coordonné», souligne le Dr di Palma. Un résultat permis par une identification des problèmes des patients en temps réel, ce qui autorise une adaptation très fine du traitement. «Mettre les patients au coeur de leur prise en charge, selon le concept PRO (patient reported outcomes), permet d'être beaucoup plus près de la réalité que lorsque ces événements sont rapportés par un intervenant extérieur ou une personne de l'entourage, poursuit le Dr di Palma. Les outils facilitent ce dialogue, mais ils ne peuvent toutefois remplacer l'humain. Il sera peut être possible à terme d'aller plus loin, mais difficile d'imaginer remplacer l'analyse fine des personnels de santé par des algorithmes».
Quelles limites au suivi connecté ?
Autre limite du recours à ces nouveaux outils : le patient lui-même, qui doit avoir les capacités physiques et psychologiques pour s'en servir, mais aussi l'envie . «On ne peut lui imposer un suivi connecté, mais la culture numérique existe», note le Dr di Palma. Les enquêtes montrent en effet que 85 % des patients sont équipés au moins d'un smartphone et qu'ils sont près l'utiliser pour leur suivi, à condition que les données soient sécurisées.
Le développement de nouveaux types de suivi est d'autant plus important que les patients vivent de plus en plus longtemps avec leur maladie et qu'ils passent de moins en moins de temps à l'hôpital. «Et comme bien souvent, le progrès thérapeutique est en avance sur les organisations», explique le Dr di Palma, qui insiste sur le rôle majeur des libéraux dans ces nouveaux schémas et l'intérêt des plateformes territoriales d'appui coconstruites avec les libéraux.
D'après un entretien avec le Dr Mario di Palma, chef du départment ambulatoire, Institut Gustave Roussy (Villejuif)
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