Leucémie lymphoïde chronique : un inhibiteur de BTK de nouvelle génération

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Publié le 10/02/2023
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Le zanubrutinib, un inhibiteur de tyrosine kinase de Bruton (iBTK) plus sélectif améliore le taux de réponse et la survie sans progression (SSP) dans les leucémies lymphoïdes chroniques et les lymphomes à petits lymphocytes réfractaires ou en rechute (LLC/SLL R/R). Il réduit également les effets indésirables, en particulier cardiaques (1).
Un bénéfice supérieur sous zanubrutinib, par rapport à l'ibruitinib

Un bénéfice supérieur sous zanubrutinib, par rapport à l'ibruitinib
Crédit photo : PR J. BERNARD/CNRI/SPL/PHANI

L’ibrutinib, un iBTK, est devenu le traitement standard des LLC/SLL R/R, mais ses effets indésirables (EI) peuvent limiter son utilisation. Le zanubrutinib, un iBTK de deuxième génération, a obtenu l’AMM européenne dans les LLC/SLL R/R, après les résultats (versus traitement standard) de l’étude SEQUOIA. L’étude internationale ALPINE est la première à le comparer directement à l’ibrutinib. Elle a inclus 652 patients (âge moyen 67 ans), atteints de LLC/SLL R/R avec des formes défavorables : 73 % sans mutation au niveau de la partie variable des chaînes lourdes des immunoglobulines (IGHV), 23 % de TP53 muté et/ou de délétion du chromosome 17p. 

Moins 35 % de risque de progression

Sous zanubrutinib, le taux de réponse globale (critère principal) était significativement supérieur à celui de l’ibrutinib (86,2 versus 75,7 %, p = 0,0007). Avec un suivi médian de 29,6 mois, la SSP est significativement améliorée sous zanubrutinib (80 % versus 67 % sous ibrutinib, HR = 0,65, p = 0,0024). La SSP médiane était de 35 mois sous ibrutinib, mais n'a pas été atteinte sous zanubrutinib. Le bénéfice était supérieur sous zanubrutinib, quel que soit le sous-groupe de patient, notamment concernant la mutation associée ou le statut IGHV. Dans le sous-groupe présentant une mutation TP53 et/ou une délétion 17p, la SSP est meilleure sous zanubrutinib à 24 mois (72,6 versus 54,6 %). 

Une meilleure tolérance cardiaque

Le nombre d’abandons thérapeutiques était inférieur avec le zanubrutinib (26,3 %) par rapport à l'ibrutinib (41,2 %), la plupart étant dus à des EI (16,2 % contre 22,8 %) ou à une évolution de la maladie (7,3 % contre 12,9 %). Les abandons liés à des complications cardiaques étaient également plus faibles (0,3 % versus 4,3 %). Le pourcentage d’EI sévères (grade ≥ 3), de réductions de dose ou d’arrêts du traitement était également moins important. La tolérance cardiovasculaire était bien meilleure sous zanubrutinib (fibrillations/flutters auriculaires : 5,2 % versus 13,3 %). De plus, aucun décès de cause cardiovasculaire n’est survenu dans le bras zanubrutinib, contre six (1,9 %) sous ibrutinib. « Avec une efficacité supérieure à l’ibrutinib et une toxicité inférieure, en particulier sur le plan cardiaque, le zanubrutinib pourrait constituer l’alternative privilégiée dans le traitement de la LLC/SLL R/R », concluait la Dr Jennifer Brown (Boston).

(1) Brown JR et al, ASH 2022, Abstract LBA-6
(2) Brown JR et al, N Engl J Med 2023; 388:319-332
(3) Opat S et al, ASH 2022. Abstract 234

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin