Les diabétiques sont à risque accru de troubles anxieux et/ou dépressifs et de troubles du comportement alimentaire, ce qui a conduit l’association américaine du diabète (ADA) à prendre position, en 2016, sur le volet psychosocial de la maladie. Elle recommande notamment de dépister en routine ces troubles et si besoin de référer le patient à des soignant.e.s ayant une bonne expérience dans ce domaine. Pour ce faire, l’ADA s’est d’ailleurs associée à l’association psychologique américaine (APA) dans une démarche commune de formation des soignant.e.s.
Comme l’a précisé le Pr Horey Hood, l’un des co-auteurs de la prise de position, les sujets diabétiques ont besoin de médecins ayant de la compassion, à l’écoute du défi induit par le trouble métabolique toute la vie durant et conscients de l’effet des symptômes anxiodépressifs sur la gestion du diabète. Deux études présentées lors du congrès illustrent bien la problématique.
Une prise en charge possible... et efficace
Au cours de la première, le programme ACTIVE II, l’impact sur les symptômes dépressifs et l’HbA1c de différents types de prise en charge a été évalué : séances d’exercice physique avec un entraîneur personnel, entretiens de thérapie cognitivocomportementale (TCC), association des deux ou prise en charge usuelle. Quelque 140 adultes, âgés en moyenne de 57 ans, recrutés dans 3 États différents ont été inclus dans cette analyse. Au terme de 12 semaines de suivi, les auteurs ont rapporté une amélioration des symptômes dépressifs (p < 0,05), une réduction des pensées négatives (p < 0,03), du stress lié au diabète (p < 0,01) et une meilleure qualité de vie physique (p < 0,03 sauf pour la TCC seule) chez les patients ayant bénéficié d’un programme d’intervention, versus ceux ayant eu la prise en charge habituelle.
Après ajustement sur les modifications des traitements antidépresseurs, les patients des groupes exercice physique et TCC avaient plus de chance d’être indemnes de symptômes dépressifs comparativement à ceux du groupe traitement usuel. Et, après ajustement sur les traitements et le niveau d’éducation, les sujets ayant bénéficié du programme d’exercice physique et dont l’HbA1c était de plus de 7 % à l’inclusion, une réduction de 0,7 point de l’HbA1c a été observée. L’une des principaux auteurs de cette étude, Mary de Goot, a indiqué que cette étude est la première à démontrer les bénéfices de la pratique d’une activité physique avec un coach à la fois sur la dépression et le diabète. Mais les recherches ne s’arrêtent pas là, et visent désormais à déterminer l’effet à plus long terme (12 mois) de ces interventions ainsi que leur rapport coût-efficacité.
Minceur et traitement difficiles à concilier
Une autre étude intéressante s’est penchée sur les troubles du comportement alimentaires chez les jeunes patients souffrant de diabète de type 1 ou de type 2, plus fréquents dans cette population qui doit contrôler en permanence ses apports alimentaires et son poids. L’analyse a été faite à partir des données colligées dans l’étude Search pour le diabète chez les jeunes, à laquelle participent 2 156 patients diabétiques de type 1 (âge moyen de 17,7 ans) et de type 2 (âge moyen de 21,8 ans). Elle confirme la fréquence de ces troubles, rapportés chez 21,2 % des DT1 et 52,2 % des DT2, qui sont en particulier plus prévalents chez les jeunes femmes DT1 et chez les patients en surpoids.
Les scores DEPS-R élevé (Diabetes eating problem survey-Revised ≥ 20) sont associés à l’indice de masse corporelle, chez les DT1 comme les DT2 (p < 0,01). Un patient DT1 sur 5 déclare sauter des prises d’insuline pour mieux contrôler son poids et une proportion identique des patients suivis dans cette étude estime difficile de maintenir un poids correct tout en contrôlant le diabète. Une part non négligeable de ces jeunes diabétiques (12,4 % des DT1 et 34,2 % des DT2) indiquent privilégier la minceur au suivi du traitement. De façon globale, les patients ayant des troubles du comportement alimentaire ont une HbA1c plus élevée, plus de symptômes dépressifs et une moins bonne qualité de vie.
0R 376. De Groot M et al
P 802. Siu Ying Nip A et al
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