La fréquence de l’acidocétose diabétique, complication métabolique aiguë du diabète, n’est pas négligeable : elle est évaluée à 4,8 % sur de douze mois dans une étude américaine, et à 4,7 % (hors acidocétose inaugurale) dans une étude française menée chez de patients diabétiques de type 1 hospitalisés.
« En d’autres termes, un patient diabétique sur vingt est hospitalisé au cours d’une année pour une acidocétose, le risque étant très corrélé à l’HbA1c », rappelle le Pr Jean-Michel Petit (CHU de Dijon). Le risque de décès reste faible lors de l’hospitalisation initiale — moins de 1 % —, mais il s’agit tout de même de la première cause de mortalité chez les enfants et les adolescents. Cette complication est également associée à un fort taux de réhospitalisation à 30 jours, de 10 à 25 %, et à un risque de décès nettement accu lorsque les épisodes se répètent : la mortalité à 4 ans est de 5,2 % après un épisode, elle atteint 23 % en cas d’acidocétoses récurrentes (plus de cinq épisodes), selon une étude menée au Royaume-Uni. « Soit près d’un patient sur quatre qui décède dans les quatre ans », insiste le Pr Petit.
Parmi les autres facteurs associés à une mortalité accrue après acidocétose, les pathologies psychiatriques, qui multiplient par cinq le risque de décès. Une étude française publiée en 2020 avait montré que l’hospitalisation pour acidocétose était associée à un risque suicidaire accru chez de jeunes adultes diabétiques de type 1.
Lien établi avec la dépression
Le lien entre diabète de type 1 et dépression est bien établi, ce qui se traduit par une augmentation du risque suicidaire (multiplié par 2,2 selon une métaanalyse en 2017). Une autre étude française, publiée en 2020, avait bien mis en évidence la plus forte prévalence des antécédents psychiatriques chez les patients hospitalisés pour acidocétose (10 versus 4,5 % en l’absence d’acidocétose).
Notamment, le risque d’hospitalisation pour acidocétose non inaugurale est fortement augmenté en cas de schizophrénie associée au DT1, de troubles du comportement alimentaire ou d’addictions, sans oublier les conditions socio-économiques défavorables, qui jouent elles aussi un rôle délétère.
Les liens entre dépression et moins bonne gestion du diabète ont été soulignés de façon très nette dans une étude américaine, qui a en particulier mis en évidence une fréquence accrue des oublis de bolus d’insuline dans ce cas.
« Une évaluation des pathologies psychiatriques associées au diabète, telles que la dépression, la psychose, les troubles du comportement alimentaire, les addictions, est donc indispensable, rapporte le Pr Petit. Les soignants doivent être particulièrement attentifs au risque suicidaire plus élevé chez les personnes vivant avec un DT1 hospitalisées pour une acidocétose non inaugurale, surtout en cas de répétition des épisodes. Ce risque peut être évalué par des questionnaires simples, comme le PHQ-9 et il ne faut pas hésiter à solliciter un avis psychiatrique au moindre doute. »
Exergue : « Il ne faut pas hésiter à solliciter un avis au moindre doute »
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