La fréquence du Reflux gastro-œsophagien (RGO) chez l’enfant augmente, en partie à cause de la progression de l’obésité et des mauvaises habitudes alimentaires dans de nombreux pays.
De nombreuses études montrent que le RGO est très fréquent chez les enfants asthmatiques (avec des taux allant jusqu’à 80 %) mais près de la moitié des enfants porteurs d’un RGO ne présente pas de symptômes spécifiques, comme des brûlures gastriques. Ces études ont incité les médecins à prescrire différents médicaments antireflux dans l’asthme mal contrôlé de l’enfant. Cependant, il n’y a aucune preuve formelle que ces thérapeutiques améliorent l’asthme. Dans un grand essai clinique contrôlé récent, la prescription d’un inhibiteur de la pompe de proton était non seulement inefficace mais accompagné d’effets indésirables, notamment d’une augmentation de la prévalence d’infections respiratoires symptomatiques… Tant que de larges essais n’auront pas été conduits chez des enfants porteurs d’un RGO et dont l’asthme est mal contrôlé, on ne pourra pas affirmer que les bénéfices du traitement antireflux dépassent les risques (1).
Reflux extra-œsophagien
Le système respiratoire peut être affecté à tous les niveaux. C’est ce qu’on appelle le reflux extra-œsophagien. Il peut se révéler par une laryngite, une hyperplasie des végétations adénoïdes suivie d’infection, une occlusion des trompes d’Eustache, des otites à répétition et une déficience auditive. L’irritation de la muqueuse œsophagienne peut elle-même déclencher la toux par réflexe vagal. Même faiblement acide, le RGO peut déclencher une toux chronique ; cependant, ceci n’a pas été confirmé avec un reflux alcalin (2). Les micro-aspirations de contenu acide irritent les voies aériennes et induisent une réponse inflammatoire qui peut contribuer à augmenter la réactivité des bronches à d’autres stimulus et la production de mucus (3). S’ensuivent bronchite bactérienne et développement de bronchiectasies ; la destruction de parenchyma pulmonaire est rare chez les enfants, mais peut être une raison de morbidité majeure.
En outre, la maladie asthmatique peut modifier le gradient de pression intrathoracique et agir sur le diamètre du sphincter inférieur de l’œsophage.
Si l’on peut affirmer qu’un RGO non traité est associé à la sévérité de l’asthme et que le diagnostic de RGO doit être envisagé dans les asthmes résistant tout comme dans certaines maladies diffuses du parenchyme pulmonaire, l’administation à long terme d’un traitement anti-reflux nécessite une argumentation bien documentée.
Communication du Dr Petr Pohunek, Prague
(1) Blake K. et al. Current opinion in pulmonary medicine 2013 ;19:24-9
(2) Ghezzi M. et al. Respiratory medicine 2011 ;105:972-8
(3) Khoshoo V. et al. Pediatric pulmonology 2009;44:1070-4
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