Cancer colorectal

L'aide de la biologie moléculaire

Par
Publié le 23/03/2017
Article réservé aux abonnés

Avec un million de patients dans le monde et 40 000 nouveaux cas chaque année en France, le cancer colorectal est un problème de santé publique mondial.

Le recours à la chimiothérapie adjuvante à partir des années 1990 s’est accompagné d’une augmentation nette des taux de guérison, qui sont actuellement proches de 75 % chez les patients ayant une atteinte ganglionnaire locale.   « Depuis 2005, les traitements ont peu progressé, mais grâce à l’essor de la biologie moléculaire et de l’immunohistochimie, nous avons pu exploiter les données colligées sur de grandes séries de patients et définir des facteurs pronostiques », rapporte le Pr Julien Taieb.

Parmi ces facteurs pronostiques, on trouve la mutation BRAF, qui concerne 10 % des patients et influence la rechute et la survie globale et la mutation RAS, qui touche 50 % des patients,  avec également un impact sur la rechute et la survie globale et permet de guider la thérapie ciblée en cas de récidive. D’autres anomalies, comme la surexpression HER2, retrouvée dans 4 à 5 % des cas, sont des facteurs de mauvais pronostic alors qu’à l’inverse une anomalie des polymérases,  POL-E (1 % des patients), qui donne un profil de tumeur très mutée, est un facteur de bon pronostic. L’instabilité satellitaire (MSI), qui concerne 12 % des tumeurs, est un facteur de bon pronostic dans les formes peu évoluées mais de mauvais pronostic dans les formes avancées. Le phénotype méthylateur de la tumeur joue aussi un rôle selon des données récentes présentées au congrès, la présence d’un gène méthylé étant un facteur de mauvais pronostic. 

ADN tumoral circulant

« Nous avons donc pu caractériser des groupes pronostiques différents et nous devons désormais stratifier les patients inclus dans les essais sur ces facteurs afin de proposer des stratégies plus personnalisées », indique le Pr Taieb, en soulignant toutefois que la démultiplication des facteurs pronostiques peut être d’utilisation complexe en pratique. D’où l’intérêt porté à des données très récentes suggérant que la présence d’ADN tumoral circulant après la chirurgie pourrait être un facteur pronostique qui « écraserait » tous les autres. Ces résultats sont issus d’une petite étude et doivent donc être confirmés à plus large échelle.

D’après un entretien avec le Pr Julien Taieb, hôpital européen Georges Pompidou, Paris.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9566