Une prise en charge globale à améliorer

Le délai d’IVG, cheval de Troie de son accessibilité

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Publié le 30/06/2020
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Le confinement lié au Covid-19 et les difficultés pour certaines femmes d’être prises en charge dans les temps ont fait ressurgir le débat sur l’accessibilité de l’IVG. Les demandes d’allongement des délais ne doivent pas occulter les autres difficultés.
Au-delà de 16 SA, l’acte devient plus technique

Au-delà de 16 SA, l’acte devient plus technique
Crédit photo : phanie

Les femmes ont-elles pu pratiquer sans encombre leur IVG pendant la crise Covid-19 ? La question du respect du délai légal dans ces circonstances particulières a relancé le débat sur les freins à l’accès à l’IVG en France. Plusieurs régions — Nantes, Normandie, Hauts-de-France, Provence — n’ont pas noté pas d’augmentation du nombre de procédures en mars-avril 2020, par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. Mais la Seine-Saint-Denis par exemple a dû faire face à davantage de demandes hors délais après la sortie du confinement ; or ses centres ont continué d’accueillir les femmes qui se sont présentées, sans interruption, les raisons sont peut-être à chercher ailleurs.

Procédure en une seule visite

Pendant le confinement, la question de recevoir les femmes et de pratiquer l’avortement en une seule fois (« one shot »), pour gagner du temps, s’est posée pour les aspirations sous anesthésie locale. Quoi qu’il en soit, cela ne doit pas se faire au détriment de l’accompagnement, et une information complète prend du temps. En cas d’IVG médicamenteuse à domicile, la question de la douleur et des saignements après la prise de traitement doit impérativement être abordée.

Certains centres d’IVG ont aussi réclamé une modification transitoire de la loi pour permettre un allongement des délais. Pour le Dr Philippe David, gynécologue-obstétricien, créateur du centre IVG Clotilde-Vautier à Nantes, ces demandes soulèvent des questions de faisabilité et peuvent avoir des conséquences délétères : « si l’on augmentait les délais de 14 à 16 SA, cela poserait des difficultés techniques. À ce terme, outre l’aspiration, il faut savoir pratiquer une morcellation de l’embryon, or les gynécologues et les médecins pratiquant l’IVG n’ont pas tous cette formation. De surcroît, cette proposition peut avoir des conséquences sur le recrutement des futurs centres (et donc leur organisation), en dissuadant les jeunes médecins se sentant incompétents pour ces actes. Il ne peut donc s’agir d’une décision légale appliquée dans l’urgence à tout le monde, avec ses effets éventuellement délétères, mais d’une dérogation accordée aux centres qui en expriment l’impérieuse nécessité. Enfin pour les femmes qui, à ce terme, souhaitent une anesthésie générale, il faut un accès au bloc opératoire et à l’anesthésie générale : ce n’est pas le cas partout et doit déjà être amélioré. »

L’IMG psychosociale pourrait être réhabilitée

Doit-on pour autant abandonner ces femmes désireuses d’interrompre leur grossesse au-delà du délai des 14 SA ? « Certainement pas, répond le Dr David, d’autant qu’il existe déjà une loi (du 4 juillet 2001) permettant les interruptions de grossesse dans des circonstances médicales (IMG), fœtales ou maternelles, sans délai de terme : pour des raisons maternelles, "lorsque la grossesse est source d’un péril grave pour la santé de la femme". Ce peut être le cas de certaines situations très difficiles (précarité sociale, psychique, économique, sanitaire, etc.), sur lesquelles une commission spécifique prévue par la loi peut statuer. Dépassement ou non, toutes les femmes doivent être reçues. Des progrès ont déjà été réalisés en ce sens pour qu’elles ne restent plus à la porte des hôpitaux. Et, pour l’au-delà des 14 SA lié au confinement, cette IMG psychosociale doit être facilitée. Cette procédure présente en outre l’avantage de ne pas être bloquée par le délai des 16 SA ».

Exergue : Dépassement ou non, toutes les femmes doivent être reçues

Dr Nathalie Szapiro

Source : lequotidiendumedecin.fr