Cause la plus fréquente d’hyperandrogénie, de troubles de l’ovulation et d’infertilité chez les femmes, le SOPK concerne environ 15 % de celles en âge de procréer. « Il faut en finir avec leur prise en charge trop séquencée et suivre ces femmes tout au long de la vie », résume le Dr Geoffroy Robin, gynécologue médical (CHU de Lille) et secrétaire général en charge de la gynécologie médicale et de la médecine de reproduction du Collège national des gynécologues et obstétriciens français.
Lutte contre l’insulinorésistance dès le diagnostic
Le diagnostic du SOPK repose sur des critères internationaux (consensus de Rotterdam). Il est posé si toutes les autres causes de trouble du cycle et d’hyperandrogénie ont été exclues et si deux de ces trois critères sont réunis : anovulation ou dysovulation (troubles du cycle), hyperandrogénie clinique (hirsutisme) et/ou biologique (élévation de la testostérone), présence d’ovaires polykystiques à l’échographie ou – ce qui est nouveau – dosage de l’hormone anti-müllérienne (AMH) élevé.
« Plus de la moitié des femmes ayant un SOPK vont avoir une insulinorésistance, souvent dans un contexte d’obésité androïde, avec des risques de syndrome métabolique. Il est alors essentiel de mettre en place des mesures hygiénodiététiques pour les aider à perdre du poids, voire discuter l’introduction de metformine pour lutter contre l’insulinorésistance », indique le Dr Robin.
Un effet sous-estimé sur la qualité de vie
De plus en plus de publications mettent en avant la qualité de vie très altérée de ces femmes, avec deux fois plus de syndromes anxiodépressifs que dans la population générale, notamment en raison du spectre de l’infertilité et d’une dévalorisation de l’image de soi (obésité, hirsutisme…).
« Le déséquilibre hormonal de ce syndrome, avec une hyperandrogénie ovarienne, aurait des conséquences au cours du développement cérébral, à la fois pendant la vie fœtale et en fin de puberté, en perturbant le développement du cortex préfrontal – davantage de difficultés à gérer les frustrations –, de la zone postérieure de l’amygdale et du système limbique, ce qui se traduit par davantage d’anxiété », insiste le gynécologue. Cette vulnérabilité fait le lit de la dépression. Autant de raisons de ne pas banaliser ce syndrome, et de ne pas le diaboliser non plus au moment de l’annonce : « Le message doit être qu’il s’agit d’un syndrome que l’on sait gérer, dont on sait anticiper les complications, mais que cela mérite un parcours de soins spécifique tout au long de la vie », insiste le Dr Robin.
Entretien avec le Dr Geoffroy Robin (Lille)
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