Certains chiffres sont parfois utiles à rappeler. Les maladies cardiovasculaires tuent 7 à 8 fois plus que le cancer du sein et représentent un tiers des décès de femmes en France. D'ailleurs elles sont touchées de plus en plus précocément. Entre 2002 et 2008 le nombre de femmes âgées de 45 à 54 ans, hospitalisées pour un infarctus du myocarde, a augmenté de 18 % selon l'Institut national de veille sanitaire (INVS).
« Moins d'un tiers des femmes connaissent les symptômes de la maladie cardiovasculaire et les facteurs de risques spécifiques, c'est pourquoi je milite pour la mise en place d'un dépistage organisé chez les femmes de 50 ans », explique la Pr Claire Mounier-Véhier, cardiologue et médecin vasculaire au CHRU de Lille, et présidente de la Fédération française de cardiologie. « Il faudrait stratifier ce dépistage en fonction des facteurs de risques. Une femme considérée à faible risque pourrait se contenter de voir son généraliste, tandis qu'en cas de risque élevé elle sera amené à réaliser un bilan cardiovasculaire plus complet », suggère la médecin.
Concernant les maladies cardiovasculaires, les facteurs de risques classiques sont comparables entre ceux des hommes et ceux des femmes ; certains ont un poids délétère plus important chez la femme. Par exemple, le diabète augmente le risque de mortalité cardiovasculaire de 3 à 7 fois chez la femme, contre 2 à 3 fois pour les hommes. De même l'hypertension artérielle entraîne 29 % des infarctus chez la femme, contre 15 % chez l'homme. Enfin, le stress, la sédentarité et la précarité activent davantage la cascade inflammatoire des femmes.
Une consultation à la ménopause
Autre spécificité féminine : le syndrome métabolique de la ménopause. « La période de périménopause, puis les premières années de ménopause, favorisent chez les femmes le développement d'une artère plus rigide et épaisse, sensible au dépôt de LDL, ce qui justifie une surveillance particulière », argumente la professeure Mounier-Véhier.
De même, les femmes ayant subi une hystérectomie, présentant une insuffisance ovarienne prématurée, ou qui prennent des traitements contre l'endométriose, sont exposéesà davantage de risques.
« C'est pourquoi, sur le modèle de la première contraception pour les jeunes filles, on devrait aussi voir les femmes ménopausées en consultation », indique-t-elle. Parmi les procédés de dépistage qui fonctionnent, certains CHU proposent aussi des prises en charge en coopération entre cardiologues, gynécologues et médecins traitants. D'ailleurs, la fédération de cardiologie pointe les généralistes, les gynécologues et les pharmaciens comme des acteurs clés de la prévention.
Selon les spécialistes, la prévention passe aussi par l'information sur tous les comportements et facteurs protecteurs pour les artères. « Avoir une activité physique régulière, se lever toutes les deux heures pour lutter contre la sédentarité, faire attention à son alimentation… Tous ces conseils qui semblent relever de l'évidence, restent pourtant redoutablement efficaces car les bénéfices cardiovasculaires sont aussi plus importants chez les femmes que chez les hommes », plaide le médecin.
Enfin, la fédération française de cardiologie le rappelle, « il s'agit d'une maladie de l'environnement et pour éviter ça, il faut se prendre en main. Les femmes entre elles ont un rôle à jouer sur l'économie de la prévention. ».
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