Un repérage difficile

Peu d’outils face à la violence

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Publié le 02/10/2020
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Observateurs privilégiés, les généralistes sont pourtant peu armés face aux violences subies par leurs patient·es. Les outils de dépistages sont rares et mal appréhendés.
 Les victimes attendent du médecin qu’il aborde la question

Les victimes attendent du médecin qu’il aborde la question
Crédit photo : phanie

« Le dépistage des violences est un sujet non maitrisé par les médecins qui les déstabilisent. Il génère échecs, culpabilité et regrets voire sentiment de trahison vis-à-vis de leurs patient·es », constate la Dr Claire Picatto (Marseille), ajoutant que les médecins ont tendance à l’éviter pour se protéger eux-mêmes, éviter le burn-out face à ces difficultés. En moyenne, seulement deux cas par an sont dépistés au cabinet alors que quatre femmes sur dix sont potentiellement concernées. Il existe un débat autour du dépistage systématique, ou non, des violences en soins primaires (sauf au cours de la grossesse où il est de systématiquement de mise). Le seul questionnaire validé pour cela en français est le Wast (1). Pour la Dr Picatto, le côté systématique allègerait la charge mentale des médecins. Un essai sur cinq jours auprès d’un groupe de médecins ne s’est pourtant pas révélé concluant. Vécu comme indiscret et intrusif, les médecins ne l’ont pas adopté. « Cela nécessite de sortir de sa zone de confort », reconnait la spécialiste.

Pour les enfants, la loi du 5 mars 2007 impose à tous (professionnels ou particulier) de signaler si un mineur est en danger de maltraitance — physique, sexuelle, psychologique ou négligence. Pourtant, en 2017, sur 159 « informations préoccupantes » (IP) transmises pour suspicion de maltraitance infantile, une seule l’avait été par un médecin généraliste. Plusieurs signes doivent alerter : des troubles du comportement, des troubles psychopathologiques des parents, des antécédents de violences dans la fratrie, au sein du couple et dans un contexte de divorce. Là encore, les Dr Florine Grob et Joséphine Hirschlet-Bertrand, généralistes à Grenoble, déplorent un certain déni de la part de leurs confrères. Il n’existe pas d’outil de dépistage validé mais un est en cours d’élaboration.

Les numéros d’alerte sont le 119 (enfants), le 3919 (femmes) et le 114 pour les personnes sourdes (SMS et vision conférence). Il faut savoir que ces dernières sont deux à trois fois plus victimes, et ce dès l’enfance.

D’après la session « Violences » 

(1) www.declicviolence.fr

Dr Charlotte Pommier

Source : Le Quotidien du médecin