En France, 5 % des enfants seraient atteints de troubles de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH). « Un problème majeur de santé publique, du fait de son impact sur le quotidien, la vie de famille, la scolarité, etc. », avance Jean-Yves Quentel, co-fondateur et PDG de Mensia Technologies.
Issue en 2012 de l’essaimage de la recherche publique, la start-up française s’est emparée d’OpenViBE, un logiciel gratuit de pilotage d’ordinateur par la pensée développé par l’Inria (Institut de recherche dédié au numérique), pour concevoir un protocole de soins à domicile, basé sur la neuromodulation (ou neurofeedback). Étudiée depuis les années 1950, cette « méthode d'entraînement cérébral fondée sur l'activité électrique du cerveau » – mesurée en temps réel par électroencéphalographie (EEG) – a donné naissance à une nouvelle génération d'objets connectés : casques ou bandeaux pour améliorer la relaxation, le sommeil, la concentration… Au-delà de ces applications grand public, Mensia Technologies a décidé de se focaliser sur son potentiel médical.
Sur prescription uniquement
En 2013, une levée de fonds lui permet de financer la mise au point d’un jeu sur tablette, associé à un casque souple à huit électrodes (gel), mesurant l’activité cérébrale de l’enfant souffrant de TDAH, tout en stimulant sa concentration. Au choix : un puzzle et une pêche aux poissons, deux scénarii simples, ludiques et pédagogiques, pour une compréhension rapide de la mécanique de jeu.
Les instructions données au départ se réduisent au strict minimum, pour amener l’enfant à s’orienter lui-même vers une zone de succès, en reliant une action à l’écran à telle sollicitation cognitive. Délivrable uniquement sur prescription médicale, ce protocole est reproductible chez soi, le diagnostic étant ensuite posé par un pédopsychiatre, en fonction de l’évolution du signal électrique au cours du programme. « À raison de 20 minutes par jour, cinq fois par semaine, pendant deux mois, le but est de permettre à l’enfant de muscler son attention sur le long terme », relève Jean-Yves Quentel. Il s’agit d’un soin personnalisé, « curatif et non-invasif, avec des effets secondaires limités à quelques migraines ».
Accès démocratisé
À l’échelle européenne, un premier essai clinique sur 200 patients est actuellement en cours, pour démontrer scientifiquement l’efficacité, notamment en comparaison avec des traitements médicamenteux, et la stabilité du protocole thérapeutique, optimisé grâce à « l’achat de matériel médical pour un neurofeedback de qualité », précise le PDG. Et d’espérer « une commercialisation courant 2017 ».
Vu son prix (élevé), l'appareillage sera disponible à la location pour un accès démocratisé. En parallèle de cette étude baptisée Newrofeed, les équipes de Mensia Technologies, implantées à Rennes et Paris, travaillent sur différents projets de recherche en neurosciences, axés sur la prévention de la maladie d’Alzheimer ou la gestion de la douleur chronique. Une nouvelle étape dans l'interaction homme-machine.
Article précédent
Des équipements de pointe pour la production de vaccins
Article suivant
L’imagerie médicale à l’avant-garde
Les mondes parallèles de la neurochirurgie
À l’assaut des systèmes biologiques complexes
Des équipements de pointe pour la production de vaccins
La neuromodulation au chevet de l’hyperactivité
L’imagerie médicale à l’avant-garde
Carmat : l'innovation de rupture
À l'Est, cap sur la chirurgie hybride
Promesses made in France en ophtalmologie
De si beaux atouts…
Une machine girondine à innover
Les robots de Medtech assoient leur développement
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024