Asthme, apnées du sommeil

Des liens étroits avec l’obésité

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Publié le 07/09/2017
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obésité

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Crédit photo : Phanie

Les liens entre l'obésité et l'asthme suscitent de nombreuses recherches et la majorité des études transversales dans ce domaine ont conclu à une association positive entre les deux pathologies. Une revue systématique de six études longitudinales menées chez des sujets de moins de 18 ans retient également à une association entre la survenue d'un asthme et la présence d'un surpoids ou d'une obésité.

D'autres travaux se sont penchés sur l’effet de la prise de poids pendant la petite enfance sur la fonction respiratoire. Ils ont montré qu'un gain pondéral rapide au cours des 3 premiers mois de la vie est associé à la survenue ultérieure d'un asthme et d'une hyperréactivité bronchique.

Pour expliquer un possible lien de causalité entre les deux pathologies, plusieurs mécanismes physiopathologiques sont avancés. L'une des hypothèses se fonde sur le caractère pro-inflammatoire de l'obésité. Mais, si les adipocytes sont très probablement une source de cytokines pro-inflammatoires, rien ne prouve que l'inflammation systémique liée à l'obésité puisse être directement responsable d'une inflammation au niveau bronchique, estime le Dr John Henderson (Bristol, Royaume-Uni). Des modifications du système immunitaire pourraient également être en cause.

Troubles respiratoires obstructifs

L'obésité chez l'enfant est par ailleurs responsable de troubles respiratoires. L'excès de masse grasse, par un phénomène mécanique de compression, entraîne une réduction de la capacité fonctionnelle résiduelle, elle-même responsable d'une moindre compliance pulmonaire et d'une baisse des réserves en oxygène. Elles se traduisent par une hypoxémie modérée, au repos comme lors des activités. Même en l'absence de troubles respiratoires obstructifs du sommeil, l'effet délétère de l'obésité sur la fonction respiratoire est plus marqué durant le sommeil, notamment du fait de la position couchée.

Ces troubles respiratoires du sommeil concernent au moins 30 % des enfants obèses, indique le Pr Jean-Paul Praud (Sherbrooke, Canada), chaque augmentation d'un point de l'indice de masse corporelle étant associée à une augmentation de 12 % du risque. Au-delà de l'effet mécanique du tissu adipeux, plusieurs facteurs sont impliqués : en premier lieu l'hypertrophie adénoïdienne, mais aussi les malocclusions dentaires ou l'adiposité viscérale.

Il est de ce fait important de rechercher systématiquement des facteurs de risque de troubles respiratoires obstructifs du sommeil chez les enfants obèses, tels qu'une obstruction nasale, des anomalies orthodontiques, la présence de végétations, ou encore le rapport entre la circonférence du cou et le tour de taille. Un seuil supérieur à 0,41 a été proposé pour prioriser les indications de la polysomnographie, qui seule pourra confirmer le diagnostic et préciser la sévérité du trouble.

Des complications plus sévères

Ceci est essentiel, car les effets délétères de l'obésité et des troubles respiratoires du sommeil se potentialisent, comme en témoignent les complications qui sont plus fréquentes et plus sévères chez l'enfant apnéique obèse que chez le non-obèse : hypertension artérielle, syndrome métabolique, troubles neurocomportementaux tels que trouble de l'attention ou un syndrome d'hyperactivité, moindre qualité de vie et dépression. Aux limites extrêmes du spectre des troubles respiratoires obstructifs du sommeil, le syndrome obésité-hypoventilation expose à des complications très sévères : polycythémie, hypertension pulmonaire et insuffisance cardiaque droite.

D'après les sessions «The impact of obesity and infant growth patterns on childhood wheezing», Dr John Henderson (Bristol, Royaume-Uni); «Sleep-disordered breathing in obese children», Dr Jean-Paul Praud (Sherbrooke, Canada)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9599