De nombreux travaux épidémiologiques suggèrent aujourd’hui l'existence d’un lien entre exposition à la pollution atmosphérique aux particules (ultra) fines et développement de pathologies respiratoires à court et long terme.
Publiée fin 2016 dans « American Journal of Respiratory and Critical Care Médecine », une étude a notamment mis en évidence une hausse de la prévalence de l’asthme de près de 20 % durant l’enfance puis de 10 % à l’âge adulte chez les Britanniques exposés durant leur première année de vie aux cinq jours de pollution du « grand smog de Londres » de 1952.
Dans le champ de la BPCO, « les études à long terme montrent qu’il y a probablement une augmentation de la fréquence de la maladie du fait de la pollution », note le Pr Bruno Housset, président de la Fédération française de pneumologie (FFP). « Difficile de déterminer les proportions car on est tous exposés à la pollution et en plus certains y rajoutent le tabac », ajoute-t-il. « On sait néanmoins que la pollution va avoir des effets à 10 ans, avec une augmentation des exacerbations et recours aux soins », souligne le Pr Housset. « Le principal évènement lié au développement de pathologies, c’est l’apparition d’une inflammation après l’exposition aux polluants atmosphériques », note le Pr Armelle Baeza-Squiban (CNRS, Université Paris Diderot). « Cette inflammation va devenir chronique avec les expositions répétées aux particules fines », ajoute-t-elle.
Des alvéoles au cerveau
« Les particules ultrafines qui pénètrent dans l’organisme par la voie respiratoire se déposent jusque dans les alvéoles. Elles sont capables de franchir la barrière alvéolaire pour passer dans la circulation sanguine et vont pouvoir ensuite s’accumuler dans certains organes », précise le Pr Francelyne Marano (CNRS, Université Paris Diderot). « Des études chez l’animal montrent que ces particules ultrafines peuvent passer aussi la barrière placentaire chez la femme enceinte et même franchir la barrière hémato-encéphalique », poursuit-elle. Une étude américaine publiée en janvier 2016 dans la revue « Environmental Health Perspectives » met ainsi en évidence qu’une exposition à long terme aux particules fines influe statistiquement sur les premières hospitalisations pour maladie de Parkinson ou d’Alzheimer.
Génétique et exposome
Comme le rappelle le Dr Isabella Annesi-Maesano, (INSERM), nous ne sommes toutefois pas tous égaux face à la pollution de l’air. « Il y a des sujets plus exposés car vivant à proximité de sources de polluants, mais aussi des personnes génétiquement plus susceptibles », relève-t-elle. « On voit cependant que la génétique n’explique pas tout et finalement pas grand-chose », considère Philippe Hubert, directeur des risques chroniques à l’INERIS qui insiste plutôt sur la notion d’exposome, laquelle englobe l’ensemble des expositions tout au long de la vie. « L’étude des impacts sanitaires des particules fines sur l’organisme et les différents organes exige par ailleurs une conceptualisation assez importante, notamment en matière de modèles toxicocinétiques. Les mesures classiques ne suffisent pas », estime-t-il.
À l’heure actuelle, la réglementation encadrant la qualité de l’air se base sur des mesures de masse des particules atmosphériques. « On sait que la toxicité des particules fines s’établit au niveau de leur composition et de leur potentiel oxydant. Des travaux sont actuellement menés pour apprécier davantage ce potentiel oxydant et voir si l’on ne peut pas l’utiliser dans les études épidémiologiques pour le mettre en corrélation avec l’apparition de pathologies, voire l’intégrer dans les réseaux de mesure », conclut le Pr Baeza-Squiban.
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