Dans la schizophrénie, la réponse aux traitements antipsychotiques reste insatisfaisante, ce qui justifie la recherche de stratégies destinées à augmenter l’efficacité du traitement habituel, autres que l’ajout d’antipsychotiques ou d’antidépresseurs.
Inflammation et syndrome métabolique
De nombreuses études ont révélé la présence d’une inflammation de bas grade dans la plupart des maladies psychiatriques. Certaines personnes souffrant de schizophrénie présentent une inflammation chronique (mesurée par le taux de CRP) avec pour conséquence une augmentation du risque cardiovasculaire et une mauvaise réponse aux médicaments antipsychotiques, associée à des rechutes et à de mauvais résultats (1). Des essais ont ainsi été conduits dans le traitement de la schizophrénie, avec des molécules anti-inflammatoires ou encore dans la dépression résistante, avec l’infliximab (2).
Il a également été montré (étude de O. Godin et al. dans les centres experts Fondamental) que, parmi les patients atteints de dépression résistante, 38 % présentaient un syndrome métabolique, beaucoup plus que dans la population générale. Dans la schizophrénie, la prévalence était de 24 %. Il existe une réelle susceptibilité à l’apparition des troubles métaboliques dans les maladies psychiatriques, possiblement en lien avec des perturbations endocriniennes et un dysfonctionnement du système immuno-inflammatoire.
La prévalence élevée du syndrome métabolique chez les patients atteints de schizophrénie est aussi liée à un mode de vie délétère, avec de mauvaises habitudes alimentaires et un manque d’activité physique. Il est donc logique de proposer des compléments alimentaires et conseils en hygiène de vie pour optimiser les traitements déjà mis en place.
Compléments alimentaires
La N-acetyl-cysteine ([NAC] précurseur du glutathion) diminue la neuro-inflammation (2 à 3 g/j). « La sarcosine accroît les concentrations en glycine dans le cerveau. Elle a montré son efficacité (2 g/j), en ajout aux antipsychotiques, chez 264 patients avec schizophrénie inclus dans une métaanalyse récente (3). La supplémentation en oméga-3 a également montré une efficacité dans les symptômes positifs de la schizophrénie, surtout en début de maladie (1 g/jour d’EPA) », a souligné le Dr Guillaume Fond (Marseille). Quant à la L-théanine, elle favorise la production de Gaba et possède des propriétés neuroprotectrices. À la posologie de 400 mg/j, elle a montré une action sur les symptômes positifs de la schizophrénie. Sans oublier des supplémentations en vitamine D et zinc, pour réduire les symptômes dépressifs.
Thérapie hormonale
Les hormones sexuelles influencent l’humeur ou les fonctions cognitives. Elles pourraient être impliquées dans la pathogenèse, l’évolution et le pronostic du trouble schizophrénique, et constituer une cible thérapeutique intéressante.
« En particulier, les estrogènes sont connus pour améliorer la réponse aux traitements antidopaminergiques. Un traitement adjuvant devrait être envisagé chez les femmes en périménopause et postménopause. Toutefois, les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (Serm) semblent plus adaptés sur le long terme après évaluation du risque thrombo-embolique. En revanche, la DHEA et la testostérone ne présentent pas d’intérêt », a expliqué la Dr Jasmina Mallet (Colombes). La prégnénolone semble intéressante pour ses effets sur la cognition sociale. En ce qui concerne l’ocytocine et les hormones thyroïdiennes, on manque encore de preuves.
Session « Fondation Fondamental : les traitements adjuvants dans la schizophrénie : déconnectés ou disruptifs ? » (1) Fond et al. Eur. Arch. Psy Clin Neurosci 2018 (2) Raison C et al. Jama Psy 2013;70(1):31-41 (3) Marchi et al. Expert Opin drug metab toxicol 2021
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