En France, 74 % des femmes essaient d’allaiter. En pratique, la durée médiane de l’allaitement maternel exclusif est de 3 semaines, alors que l’OMS recommande 6 mois… L’insuffisance de prise de poids serait la principale cause d’arrêt prématuré. Dans leur travail de thèse, les Drs Emilie Guyonnet et Sandra Deloule (Toulouse) ont interrogé 15 généralistes pour préciser leur attitude face à ces situations. La prise en charge est très variée. Certains prescrivent un bilan biologique au nourrisson mais la recherche de signes de déshydratation est toujours oubliée. D’autres adressent au spécialiste, conseillent de consulter en PMI tandis que d’autres encore tiennent à ne pas multiplier avis et explorations pour ne pas risquer de déséquilibrer le lien mère-enfant.
Parfois, les conseils donnés sont non conformes aux recos : stimuler l’enfant à la tétée, le réveiller la nuit alors que la tétée doit être à la demande ; donner les deux seins à chaque tétée alors qu’il faut donner la totalité d’un sein puis éventuellement l’autre... Alors qu’idéalement il faut réévaluer le nourrisson à 48/72 h, certains MG réévaluaient 15 jours plus tard.
La formation spécifique et l’expérience personnelle d’allaitement auraient une influence sur l’attitude pratique. Les hommes se déclarent plus gênés pour examiner les seins et le déroulement d’une tétée et adressent davantage au spécialiste.
Les chercheuses rappellent que, pour un nourrisson allaité, taille et poids doivent être reportés sur les courbes OMS et non sur celles du carnet de
santé, erronées pour ces nourrissons.
Vit. D : le surdosage compense l’inobservance
Une supplémentation quotidienne en vitamine D est préconisée par la Société française de pédiatrie chez tous les nourrissons. Dans la pratique, le suivi de cette recommandation est aléatoire, comme en témoigne l’étude présentée par le Dr Jonathan Favre (Lille). Mené sur 230 nouveau-nés suivis 7 mois, ce travail montre que l’observance optimale de la supplémentation vitaminique diminue dans le temps, passant de 80 % à 1 mois à 59 % à 7 mois. De façon plus inattendue, les auteurs montrent aussi que les surdosages sont fréquents avec, par exemple, 1 200 UI/j pour un nourrisson au sein. Dans l’étude, ce surdosage était significativement associé à des apports hebdomadaires optimaux à 3 mois de vie : le surdosage permet probablement de compenser les prises oubliées…
Article précédent
Cnamts-Collège : un partenariat inédit
Appréhender autrement l’obésité de l’enfant
Trop d’antipsychotiques en Ehpad
Cnamts-Collège : un partenariat inédit
Allaitement, quand l’enfant végète
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation