En CM2, 18 % des élèves sont en surpoids, 4 % sont obèses, et 20 à 50 % le resteront à l’âge adulte. Pour accompagner ces enfants, les généralistes sont en première ligne puisqu’ils suivent environ 80 % de la population pédiatrique. Mais seuls 36 % reportent systématiquement l’IMC dans le carnet de santé et à peine un tiers connaît l’âge normal du rebond d’adiposité (entre 5 et 6 ans)… Pour changer de regard sur ces enfants et améliorer leur prise en charge plusieurs pistes ont été évoquées.
Ne pas stigmatiser Si tous les facteurs favorisants ne sont pas évitables, le Dr Barbara Chavannes (Limeil-Brévannes) rappelle à quel point l’obésité est « un exemple flagrant d’inégalités sociales de santé : en grande section de maternelle, 5,2 % des enfants d’ouvriers sont obèses contre 1,3 % des enfants de cadres ». Pour amorcer précocement la démarche de prévention, le Collège de médecine générale recommande de noter systématiquement la catégorie socioprofessionnelle des parents. De son côté, le Pr Philippe Cornet (Paris) invite à se méfier de nos représentations : « La norme a glissé vers la minceur, et la minceur vers la beauté. » Si le MG a l’obligation de se préoccuper de la santé de ses patients, il leur doit aussi une bienveillance inconditionnelle et « ne pas être le premier à construire la stigmatisation ».
Le MG en exercice isolé manque souvent de temps pour prendre en charge ces enfants de manière optimale. Le Dr Margot Bayart (Réalmont) a élaboré un projet pluridisciplinaire avec une infirmière Asalée (IA). Ce fonctionnement a de multiples atouts : prise en charge cohérente enrichie par les regards croisés ; regroupement des intervenants dans un lieu connu du patient ; réduction des inégalités sociales de santé. L’IA peut dédier son temps (45 mn) à l’éducation thérapeutique et à la coordination de la prise en charge, du kiné aux psychologues en passant par l’éducateur sportif !
Une autre initiative est expérimentée par la Cnamts où le généraliste peut prescrire des consultations auprès de diététiciens, psychologues et éducateurs physiques, sans avance de frais par les familles.
Sédentarité n’est pas inactivité !
Sédentarité et faible activité physique sont souvent associées, voire amalgamées. Pourtant, la sédentarité n’est pas l’inactivité et « on peut être très actif et très sédentaire ! », a expliqué le Dr Loriot (Reims). C’est même le cas d’un Français sur six. La sédentarité se définit comme une activité d’éveil à dépense énergétique faible (< 1,5 fois la dépense énergétique de repos, appelée « équivalent métabolique » ou MET). L’inactivité physique est une activité inférieure aux recommandations OMS, à savoir au moins 150 mn/semaine en intensité modérée et/ou 75 mn en intensité soutenue. La distinction est loin d’être anodine car l’impact de la sédentarité sur le risque CV est indépendant de l’activité physique et « sur la mortalité, la sédentarité impacte davantage que l’activité physique ! ». Le Dr Loriot propose donc d’exercer debout car « debout, on atteint presque les 1,5 MET ! ».
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