Avec l’avènement des chimiothérapies orales et de l’ambulatoire, la place des généralistes dans le parcours de soins des patients atteints de cancer est en pleine évolution. Conscients de cette mutation le Collège de la médecine générale et l’INCa ont signé récemment un accord-cadre afin de formaliser et renforcer leurs relations partenariales dans ce domaine. Le premier objectif est de développer les collaborations sur la prévention, le dépistage et l’amélioration des parcours de santé des patients.
Car force est de constater que pour le moment, l’implication du médecin généraliste dans le champ du cancer n’est pas toujours facile, avec des relations ville-hôpital perfectibles, comme en témoignent plusieurs études présentées lors du congrès.
Des généralistes exclus du suivi Une équipe de chercheurs de Poitiers (B.Freche et al.) a recueilli le ressenti de 16 généralistes quant à la place du médecin traitant après le diagnostic, pendant la phase active de traitement. Ces médecins disent se sentir peu intégrés voire exclus du suivi. Avec surtout un rôle dans l’accompagnement, le soutien du malade et de ses proches, la gestion des effets secondaires et les mesures administratives et sociales. Pourtant, la majorité souhaitent s’investir davantage dans ce suivi.
Visite systématique Est-il possible d’améliorer les choses et de fluidifier le lien ville hôpital ? En région toulousaine, une étude a été menée dans ce sens par M-E. Rouge-Bugat et al. L’objectif était d’évaluer la faisabilité et l’intérêt d’une visite systématique du patient chez son généraliste après consultation d’annonce. Le secrétariat de l’oncologue calait pour le patient un rendez-vous avec son médecin traitant dans les 7 jours et lui faisait parvenir les documents décrivant le diagnostic et le traitement. 34 patients ont expérimenté le système et en étaient satisfaits pour plus des trois quarts d’entre eux. Généralistes et oncologues étaient satisfaits également. Un dispositif à généraliser ?
Cela serait d’autant plus nécessaire que les généralistes rapportent souvent ne plus voir les patients après un diagnostic de cancer, comme si ces patients étaient « captés » par l’hôpital. Pourtant dans leur travail, P. Clerc et al. ont trouvé un résultat contraire : la fréquence des consultations chez le médecin traitant augmente après le diagnostic de cancer. Les patients dont le cancer est métastatique sont par contre davantage perdus de vue.
La revue de la littérature menée par B. Freche et al. (Poitier) sur la chimiothérapie orale à domicile est incontestablement une pièce du puzzle. Selon ce travail, les patients préfèrent les chimiothérapies orales à domicile, sous réserve qu’elles soient validées comme aussi efficaces que la chimio conventionnelle.
Pourtant l’observance est une problématique majeure avec des scores d’adhésion variant de 58 à 100 % selon la méthode de mesure. Le médecin traitant a alors une place fondamentale dans ce type de prise en charge, notamment pour éduquer le patient et favoriser l’observance. Encore doit-il être formé, car les pratiques diffèrent selon les centres et il n’existe aucun protocole international validé pour le management de ces traitements.
« Cancertation », jeudi 30 mars
Dépistage, le juste mot
En matière de dépistage des cancers, les généralistes sont en première ligne quant au risque de surdépistage. Des chercheurs brestois (M.Barais et al.) ont interviewé quinze généralistes au sujet du cancer du sein. Ces médecins souhaitent évidemment communiquer la plus juste balance bénéfice/risques aux patientes, mais évoquent leurs difficultés : manque de connaissances chiffrées, pression des autorités de santé pro-dépistage, peur du risque judiciaire, peur de générer la confusion …
De leur côté, cinq chercheurs de la région nantaise (C. Rat et al.) ont étudié 1 000 patients pour savoir si le stress induit par l’annonce « vous êtes à risque élevé de mélanome » favorisait ou défavorisait la réalisation de l’examen cutané annuel préconisé. Il se révèle que la simple information ne garantit pas un suivi. Le fait d’être un homme, anxieux, célibataire, d’attribuer son état de santé à des éléments extérieurs ou à la chance est associé à une moindre adhésion au dépistage. Par leur suivi régulier, les généralistes peuvent appréhender les traits de personnalité et les émotions de leurs patients et ainsi adapter la façon dont ils délivrent leur message de prévention.
« Bref j’ai fait un dépistage », vendredi 31 mars
Twitter n’est pas (que) jouer
S’il peut être ludique, l’usage de Twitter comme outil de sensibilisation au dépistage peut aussi être pertinent, révèle une étude menée par F Carbonnnel et al. (Montpellier). Ces auteurs ont passé au crible les messages émis lors de la campagne #SmearForSmear lancée outre-atlantique pour sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage du cancer du col. Selon eux près d’un tiers des tweets publiés à cette occasion avait une réelle valeur de sensibilisation. « L’impact réel sur le dépistage reste à évaluer ».
« Retour vers le futur », samedi 1er avril
« Cancertation », jeudi 30 mars
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