Dépistage, faut-il une consultation dédiée en soins primaires ?

Publié le 20/03/2020
Article réservé aux abonnés

En santé, la notion de « care » n’est plus dissociable du « cure ». Pour autant, en France, la démarche de dépistage reste encore peu structurée, avec des interventions proposées au fil de l’eau, le plus souvent de façon « opportuniste ». Une réflexion est toutefois en cours pour faire évoluer les choses, comme l’ont fait nos voisins suisses avec le programme EviPrev. Conçu par Jacques Cornuz, professeur de médecine interne générale à Lausanne, cet outil unique compile l’ensemble des mesures de dépistage ayant prouvé leur efficacité vis-à-vis de la mortalité. Il « accompagne un changement de paradigme, nécessaire et inéluctable dans un futur relativement proche, commente le Dr Eric Drahi, généraliste à Saint-Jean-de-Braye : le dépistage se déplace d’une vision opportuniste au décours d’une consultation vers une vision structurée, programmée avec le patient et cordonnée avec l’ensemble des professionnels de santé médicaux et paramédicaux ».

Auto-questionnaire En France, des recherches conduites en médecine générale ont évalué la possibilité d’utiliser des outils structurés dans une stratégie de dépistage et de prévention. Le Collège de la médecine générale travaille par exemple depuis 2017 à l’élaboration d’un auto-questionnaire d’évaluation du risque cardiovasculaire. à remplir en dehors de la consultation, il liste quinze facteurs de risque modifiables. D’après les premiers tests en ville, où son acceptabilité est bonne, il modifie la teneur et la nature de la consultation, qui se centre alors sur la personne, sur des facteurs de risque et non pas sur une maladie.

« Cela pose la question d’une consultation dédiée ou d’une pré-consultation par le patient », souligne le Dr Drahi. En 2009, le Haut Conseil de la santé publique avait synthétisé la littérature sur les stratégies de prévention en consultation de soins primaires et n’avait pas retrouvé de bénéfice, en termes de pronostic, à instituer des bilans de prévention en médecine générale. Néanmoins, les auteurs concluaient en faveur de consultations structurées de prévention. à l’étranger, « quelques systèmes de santé ont décidé d’instaurer des consultations dédiées à la prévention »,  explique Eric Drahi


Source : lequotidiendumedecin.fr