La varénicline et le bupropion ne semblent associés à aucun surrisque d'événements neuropsychiatriques, selon une large étude randomisée parue le 22 avril dans le Lancet. Alors que ces médicaments d’aide au sevrage avaient été suspectés de favoriser la survenue de troubles psychiatriques et d’augmenter le risque de convulsion (pour le bupropion), l’essai mené par R. M Anthenelli et al. est plutôt rassurant.
Initié sur requête de la FDA, cet essai a inclus plus de 8000 fumeurs de 18 à 75 ans désirant arrêter de fumer. La moitié de ces patients souffraient (ou avaient des antécédents) d’affections psychiatriques stabilisées à type de troubles de l’humeur, anxiété, psychose ou personnalité borderline et 25% prenaient des médicaments psychotropes. Ces sujets ont été randomisés pour recevoir soit un placebo soit du bupropion soit de la varénicline soit un patch nicotinique pendant 12 semaines, puis ont été suivis pendant 12 semaines supplémentaires.
Au cours de cette période, les auteurs n’ont observé aucune augmentation significative des événements neuropsychiatriques, que les patients aient bénéficié d’une aide au sevrage ou non. Pour les patients ayant déjà présenté des troubles neuropsychiatriques, les auteurs rapportent en revanche une augmentation du risque d’effets secondaires de ce type pendant le sevrage mais sans différence entre les traitements (6,5% sous varénicline; 6,7% sous bupropion; 5,2% timbre de nicotine; 4,9% pour le placebo).
Côté efficacité, l’avantage semble aller à varénicline. Ainsi, à 24 semaines, 21,8% des personnes sous varénicline étaient encore abstinentes contre 16,2% pour le bupropion; 15,7% avec les patchs à la nicotine et 9,4% sous le placebo, avec des taux d'abstinence légèrement moindres pour les fumeurs ayant des troubles psychiatriques .
«Notre étude fournit une preuve supplémentaire de l'innocuité de ces médicaments chez les fumeurs souffrant de troubles psychiatriques, qui ont l'un des taux de tabagisme les plus élevés, analyse le Pr Anthenelli. Nous montrons aussi, pour la première fois, que l'efficacité des médicaments est similaire pour les fumeurs avec ou sans troubles psychiatriques. La petite augmentation de l'incidence des effets neuropsychiatriques indésirables chez les personnes souffrant de troubles psychiatriques stables quel que soit le traitement doit être mis en balance avec les risques sanitaires importants connus du tabagisme ». Les auteurs du Lancet appelle toutefois à la prudence pour les sujets souffrant d’affections psychiatriques non stabilisées et estiment que les résultats de leur étude ne peuvent être extrapolés à ces patients.
Au cours de ces derniers mois une métaanalyse du BMJ et une étude rétrospective publiée dans le Lancet Respiratory avaient déjà apporté des éléments rassurants quant aux éventuels effets secondaires psychiatriques (risque suicidaire notamment ) et cardiovasculaires de la varénicline.
A la fin de l’année, le Comité technique de Pharmacovigilance de l’ANSM avait par ailleurs proposé d’arrêter la surveillance renforcée de ce médicament, le suivi national de pharmacovigilance ne montrant pas de signal supplémentaire après 8 ans de commercialisation en France.
Alors que les dernières recommandations de la HAS sur le sevrage tabagique ne préconisent la varénicline et le bupropion qu’en seconde intention, ces données semblent plaider pour une utilisation plus large de ces médicaments.
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