Infectiologie

Vaccination : il n’y a pas que la grippe !

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Publié le 22/11/2019
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Le « bien vieillir » inclut la prévention vaccinale contre la grippe et d’autres infections. Elle doit prendre en compte l’immunosénescence et les comorbidités qui rendent les séniors particulièrement vulnérables.
VAcc

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Comme chaque année, début octobre, il est recommandé aux plus de 65 ans de se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Si à force de messages de prévention, pour la première fois depuis une dizaine d’années le taux de vaccination contre la grippe a progressé en France lors de l’hiver 2018-2019, seuls 51 % des 65 ans et plus ont été vaccinés.

Gageons que la vaccination en officine améliorera la couverture notamment dans cette tranche d’âge, comme constaté dans les expérimentations régionales. La campagne de cet hiver 2019-2020 cible particulièrement les jeunes seniors qui avec les femmes enceintes constituent « des populations à risque qui trop souvent ne se sentent pas concernées », précise Santé publique France.

Efficacité plus modérée, mais intérêt certain

Les personnes réticentes au vaccin contre la grippe avancent souvent son efficacité relative. « Si elle est de 60 % en moyenne chez l’adulte jeune, chez les seniors elle oscille autour de 35-40 %, chutant progressivement avec l’âge », explique Bruno Lina, directeur du Laboratoire de virologie et pathologies humaines de Lyon. Le phénomène de vieillissement du système immunitaire limite l’efficacité vaccinale. Dès l’âge de 50 ans, « il existe une immunosénescence qui touche principalement l’immunité à médiation cellulaire, avec une diminution de la production de nouveaux lymphocytes CD4 et de leur capacité à s’activer, précise le Pr Frédéric Batteux, responsable du service d’immunologie (hôpital Cochin). Ce phénomène influe à la fois sur la quantité des anticorps produits et sur la durabilité de la réponse de ces derniers ». Cette réponse immunitaire moins forte ne discrédite pas pour autant le vaccin contre la grippe. Avec des arguments bien établis en faveur de la stratégie de vaccination des sujets âgés.

Cocooning, le professionnel soignant aussi

Malgré sa courte durée, l’épidémie de grippe 2018-2019 a été sévère, avec la co-circulation des virus A (H3N2) et A (H1N1) pdm09. Si toutes les personnes à risque avaient été vaccinées, 2 000 à 4 000 des 8 100 décès – une surmortalité importante – auraient pu être évités. « Or, seules 46,8 % d’entre elles l’étaient », regrette Bruno Lina.

Le virologue indique qu’en établissement, il y avait 35% de vaccinés chez les professionnels de santé. Alors que « le risque de transmission nosocomiale (hôpital, EPHAD…) est directement lié à la couverture vaccinale des soignants, chez qui on remarque tout de même une tendance à la hausse de la vaccination, comme en population générale. »

Des conseils ciblés

Alors que le vaccin antigrippal s’adresse à tous les séniors, celui contre le pneumocoque n’est indiqué qu’en cas de comorbidité prédisposant à une infection invasive à Streptococcus pneumoniae (insuffisance cardiaque et rénale, BPCO, diabète non équilibré, etc.), selon la séquence “vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (VPC 13) suivi huit semaines plus tard du “vaccin pneumococcique non conjugué 23-valent (VPP 23).

Concernant le tétanos, les quelques dizaines de cas annuels qui touchent en quasi-intégralité les personnes âgées sont essentiellement dus à un défaut de revaccination. « Par ailleurs, en raison de l’immunosénescence, les rappels DTP restent recommandés tous les 10 ans à partir de 65 ans alors que l’on est sur un délai de 20 ans, à 25, 45 et 65 ans », précise le Pr Odile Launay, infectiologue (hôpital Cochin) et coordinatrice du Réseau national d’investigation clinique en vaccinologie.

Pour le vaccin anticoquelucheux, « même si l’immunogénicité est moins bonne chez le sujet âgé, le cocooning les concerne au premier chef, pour protéger leurs petits-enfants. Avec des rappels à l’âge de 65 ans, puis tous les dix ans », expliquelinfectiologue.Ce vaccin est ainsi recommandé aux seniors ayant reçu leur dernier rappel il y a plus de 10 ans et qui sont en contact régulier avec leurs petits-enfants (nourrissons).

Les patients atteints de chroniques respiratoires sont à risque de grippe, d’infection invasive à pneumocoque et de récurrence de zona. L’injection du vaccin contre le zona est recommandée en une dose unique entre 65 et 74 ans révolus, y compris chez les sujets ayant déjà présenté un ou plusieurs épisodes de zona.

Hélène Joubert

Source : Le Généraliste: 2889