C’EST UN CANDIDAT tout sourire qui a visité les hôpitaux parisiens, talonné en permanence par ses conseillers santé Jean-Marie Le Guen et Marisol Tourraine. Robert Debré, et ses plus grandes urgences pédiatriques de France à cheval sur Paris et la Seine-Saint-Denis, puis le centre ophtalmologique des Quinze-Vingts, premier pôle de recherche sur l’œil en Europe : le choix n’est pas anodin. Le contraste entre les deux établissements illustre parfaitement la vision qu’a François Hollande de l’hôpital, comme un service public alliant égalité d’accès aux soins et excellence de la recherche.
Précarité et services de pointe.
Le candidat socialiste s’est employé, tout au long de son parcours, à être à l’écoute des praticiens (qu’il a appelé dans un joli lapsus « patriciens »). Détendu, il s’est laissé impressionné par le multiculturalisme de Robert Debré, en s’intéressant d’abord à la diffusion en 5 langues d’un film d’éducation thérapeutique diffusé dans une salle d’attente, puis en questionnant les personnels soignants sur leur origine.
Il s’est montré attentif aux problématiques liées à la précarité. Le Pr Jean-Christophe Mercier, chef du service et hôte du candidat, avait dénoncé cet été l’engorgement des urgences suite à la coupe des budgets du Samusocial. « On était passé de 4 demandes d’hébergement par an à 4 par semaine puis par nuit avec des familles monoparentales » a-t-il expliqué à François Hollande. « La prise en charge de ces enfants précaires coûte plus cher et n’est pas prise en compte dans nos budgets » a-t-il continué, en critiquant l’insuffisance du personnel et la vétusté du matériel. « On en revient à la tarification » a répondu le candidat socialiste qui a ainsi testé l’un de ses grands chevaux de bataille. « Vous avez atteint l’équilibre budgétaire et vous n’êtes pas récompensé ? Je suis pour une refonte de la tarification » a-t-il déclaré aux chefs de pôles qui exprimaient leur épuisement. À l’Université Paris-Descartes, il a ensuite réaffirmé son engagement à mettre fin à la convergence tarifaire (public/privé), à revoir la T2A qu’il juge « inflationniste » et à mieux prendre en compte les missions sociales dans le financement des établissements publics. Succès couronné d’applaudissements.
Son second cheval de bataille sur l’hôpital a été également apprécié des médecins de Robert Debré qui exprimaient leur regret de ne pas participer aux décisions. Sans se prononcer pour une réforme de la loi HPST (ce qui pourrait créer de l’incertitude, estime-t-il), il s’est clairement déclaré pour une modification de la gouvernance : « Sans médecin, il est difficile de faire de la médecine ». « Je ferai en sorte qu’un nouveau pacte social soit négocié à l’hôpital », a-t-il promis.
Tous les enjeux de l’hôpital n’auraient pas été couverts s’il n’avait abordé in fine le thème de la recherche de pointe, à l’Institut de la vision. Face aux innovations techniques, fruits de partenariats entre le public et les industriels, François Hollande a vanté le dynamisme d’un secteur qui emploie jusqu’à 2 millions de personnes et plaidé pour l’intégration des laboratoires dans les CHU.
Encadrement du secteur II : un marqueur.
Dans son périple santé, François Hollande n’a pas manqué de saluer les médecins de ville qu’il avait déjà reçus la semaine en dernière. Consensuel, il s’est déclaré « pas favorable à une politique de contrainte », un temps évoqué par le parti socialiste. Pour lutter contre la désertification, il propose de relever le numerus clausus, revaloriser la médecine générale avec davantage de stages en ville pour les internes, créer des pôles de santé de proximité, quelle que soit leur forme (« maisons de santé, centres de santé, structures adossées à l’hôpital public ») et mettre en place un « plan d’urgence pour l’installation des jeunes médecins ». L’objectif : fixer à 30 minutes le délai maximum pour accéder aux soins d’urgence.
Mais surtout le candidat PS a ouvertement envisagé le plafonnement des installations des médecins en secteur 2 « dans les zones surdotées », une offensive qui ne laissera pas les libéraux indifférents. Tout comme sa proposition d’« encadrer fermement par spécialité et par région » les dépassements d’honoraires pour renforcer l’égalité d’accès aux soins. Sa véritable ligne de démarcation par rapport à la droite ?
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