Chirurgie bariatrique, plaidoyer pour un suivi plus structuré

Publié le 19/04/2019
Article réservé aux abonnés
consult

consult
Crédit photo : LIFE IN VIEW/SPL/PHANIE

En France, la chirurgie bariatrique concerne 60 000 patients chaque année, avec une tendance exponentielle depuis 8 ans. Actuellement, les opérations de gastrectomie en manchette (“sleeve) ou le bypass ont détrôné l’anneau gastrique. Les indications concernent les obésités morbides avec un IMC>40 ou un IMC>35 avec une comorbidité (HTA, diabète, apnée du sommeil, dyslipidémie). La chirurgie bariatrique permet à court terme une belle perte de poids et une réduction des comorbidités, mais le suivi à long terme laisse à désirer. « 50 % des patients opérés reprennent 50 % de leur excès de poids à 5 ans », prévient le Pr Philippe Marre, secrétaire général honoraire de l’Académie nationale de chirurgie. Côté prise en charge nutritionnelle, le Dr Jacques Meurette (président de la commission de hiérarchisation des actes, Cnam) déplore qu’« à 5 ans, 25 % des patients ne sont plus du tout suivis ». La supplémentation en vitamine D et en Fer en pâtit. Si 65 % des opérés ont une supplémentation en fer la première année, ils ne sont plus que 18 % à en recevoir à 5 ans. Le suivi est correct s’il existe un traitement associé.

D’où l’importance du rôle de coordinateur du généraliste pour accompagner le patient et maintenir la qualité des résultats. D’autant que persistent encore des inconnues sur les conséquences à long terme de ces interventions digestives. En amont, le généraliste peut évaluer les troubles du comportement alimentaire et la problématique de la gestion des émotions. En post-opératoire, l’éducation thérapeutique est incontournable mais les contenus sont encore flous, éparpillés et insatisfaisants, avec un parcours à géométrie variable entre médecin, diététicien, psychologue et professionnel en activité physique adaptée.

Ce manque de fléchage, le Dr Éric Drahi (Saint-Jean-de-Braye, CMG) en est parfaitement conscient : « Au-delà des intentions, sans objectif précis, les médecins généralistes ont des difficultés. » Il plaide pour un parcours structuré, explicite et gradué. Les maisons de santé pluriprofessionnelles permettraient d’orchestrer ces compétences multiples au fil du temps.

Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr