Face à la pénurie, place au système D

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Publié le 23/02/2018
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Consultation perso agée

Consultation perso agée
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Faute de remède miracle aux déserts, les acteurs du terrain retroussent leurs manches pour éviter les sorties de parcours de soins. L’an passé, l'association des médecins généralistes du secteur Pau-Sud (AMGPDS17) demandait à l’ARS et à la CPAM de leur secteur un « moratoire pour stopper les sanctions financières envers les patients privés de médecin traitant ». D’après la Cnam, dans les déserts, les caisses doivent depuis le premier trimestre 2017 « éviter un moindre remboursement à ceux qui se retrouvent hors-parcours indépendamment de leur volonté ». En dehors des consignes générales, différentes initiatives colmatent les trous.

Sur 50 000 habitants, 10 000 seraient sans médecin traitant à Laval (Mayenne). Pour y remédier, le service médical de proximité Henri-Dunan, composé de 11 généralistes retraités, est né il y a six mois. Une idée de l’Ordre, mais tous les acteurs du territoire (mairie, ARS, conseil départemental, mutualité) ont participé. « Depuis juin, 1 000 patients ont déclaré un médecin traitant du centre », explique le Dr Dominique Hérault, un praticien. Un début de victoire ? « La CPAM a indiqué que le nombre de patients sans médecin traitant avait baissé, et le médiateur de la Sécu reçoit moins de plaintes ». Le centre fait l’objet d’une expérimentation pendant trois ans.

À Sens, SOS Médecins s'y colle

Le cabinet éphémère de Pontarlier (Doubs), où cinq généralistes retraités et en activité se relaient, rencontre un franc succès. Ses patients ont pour beaucoup perdu leur médecin traitant où n’en trouvaient pas. Là encore, il a fallu négocier avec le système. « Nous voulions qu’il soit possible de déclarer le cabinet éphémère comme médecin traitant, mais légalement c’est infaisable », explique le Dr Stéphane Attal, praticien du cabinet. « Du coup, la CPAM de Besançon nous autorise à coter ces consultations comme des urgences, ce qui évite aux patients de sortir du parcours », détaille-t-il. Normalement, une majoration est prévue avec cette cotation, mais ici les généralistes doivent quand même la facturer à 25 euros.

À Sens (Yonne), un tiers des habitants n’a pas de médecin traitant. Ici, c’est SOS Médecins qui a été appelé à la rescousse. Il y a deux ans, un protocole de coopération a été mis en place avec le Centre communal d’action sociale (CCAS) de Sens. Cinq médecins s’occupent de la partie traitante de patients sélectionnés par le CCAS. Ils doivent avoir plus de 65 ans, être dépendants et polypathologiques. « Depuis 2016, presque 160 patients ont été pris en charge et 98 réinjectés dans le circuit traitant », explique le Dr Jean-Luc Dinet, président de SOS Médecins Sens. La démographie médicale ne s’arrangeant pas dans la sous-préfecture de l'Yonne, les inclusions ont été suspendues temporairement. « Cet hiver, nous avions peur de ne pouvoir faire face à la demande de soins non programmés, notre mission première », confie le Dr Dinet, mais les déclarations devraient reprendre prochainement. SOS Médecins ne peut être déclaré médecin traitant, même si en termes d’organisation, c’est bien la structure qui est traitante. « On cote des visites à 35 euros, alors que si nous étions médecins traitants, la nomenclature prévoit certaines cotations à 70 euros. Un souci, pas une revendication. » Le patient est-il dans le parcours de soins s'il consulte un médecin de SOS ? « La CPAM et nous, on fait comme si », explique le Dr Dinet.


Source : Le Généraliste: 2824