Grâce aux Doctolib, Mon Docteur et consorts, obtenir un rendez-vous chez un généraliste, c’est simple comme bonjour ! Mais en permettant au tout-venant de prendre rendez-vous avec tous les praticiens de France et de Navarre, n’y a-t-il pas un risque que les patients délaissent leur médecin traitant ?
Thibault Lantier, cofondateur et directeur général de Mon Docteur – un leader du marché de la prise de rendez-vous –, balaie cette hypothèse. « Nous facilitons le parcours de soins », affirme-t-il. « En Île-de-France, où il est moins respecté, ces plateformes favorisent l’accès aux soins. Mais en région, la prise de rendez-vous en ligne facilite le respect du parcours », estime le Dr Laurent de Bastard, coordonnateur de la commission “nouvelles technologies” de l’URPS Médecin libéraux d’Île-de-France. « Le patient ne se perd plus. Auparavant, certains sortaient du parcours faute de temps, ou oubliaient de prendre rendez-vous », assure Thibault Lantier. Un argument validé par une étude francilienne (URPS, 2017) : « L’adressage en ligne éviterait les ruptures du parcours de soins de patients, qui sans cette facilité ne prendraient pas rendez-vous auprès du spécialiste, malgré le conseil du généraliste. »
Rapprocher le patient du praticien
Par ailleurs, les médecins peuvent limiter la prise de rendez-vous en ligne à leur seule patientèle. « Nous ne sommes pas dans une approche de self-service médical », confie Thibault Lantier.
Quid des services de téléconsultation privés ? Leur recours est-il compatible avec la notion de médecin traitant ? « Un grand oui, répond Stéphanie Hervier, cofondatrice de Medaviz, acteur du marché. Le vrai suivi restera avec le médecin traitant. » Face à la crainte des praticiens, le conseil de l'Ordre demande que les acteurs privés suivent les mêmes obligations que les activités médicales. La conclusion d'une téléconsultation devrait ainsi figurer dans le dossier du patient.
Pour Stéphanie Hervier, le médecin traitant « doit rester au cœur du système ». « Il est essentiel au parcours de soins. La médecine est avant tout humaine. Les nouvelles technologies ne changeront pas cela », clame-t-elle. Elle voit ainsi dans la téléconsultation un moyen de rapprocher le médecin traitant de certains de ses patients, notamment de ceux ayant du mal à se déplacer. « L’enjeu, c’est de pouvoir l’équiper avec des modules de téléconsultation ».
Plutôt que d’éloigner le médecin traitant de ses patients, les nouveaux usages, encore balbutiants, pourraient les rapprocher. Même si les patients ne tendront probablement pas la main vers la caméra après une consultation, contrairement à ce que prétend la co-fondatrice de Medaviz.
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