Une nouvelle classification

Les infarctus du myocarde ne sont plus tout à fait ce qu’ils étaient…

Publié le 15/09/2014
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Crédit photo : AFP

Hors l’infarctus du myocarde constitué pour les raisons habituelles (athérome et rupture de plaques) de type I, on observe maintenant de plus en plus d’infarctus d’un nouveau type, II, repérés sur la douleur ou l’élévation de la troponine (enzyme cardiaque témoin de la souffrance myocardique).

À l’origine de la nécrose dans ces cas, ce peut être une anémie, la diminution de la perfusion myocardique provoquant une souffrance du myocarde et une élévation de la troponine. Autre raison de la douleur et de l’infarctus conséquent, une bronchopneumopathie obstructive (BPCO) sévère et décompensée ou une fibrillation atriale. Autant de déterminants d’un IM de type II produit par un défaut d’ajustement des apports en oxygène vis-à-vis du myocarde.

Cette nouvelle classification, européenne, prend en compte la cause de la souffrance myocardique : « on ne traite pas simplement une élévation des enzymes cardiaques », souligne le Pr Yves Cottin ( Dijon).

S’il se produit toujours autant d’IM en France, ceux-ci sont de plus en plus de type II, avec une absence de sus-décalage du segment ST à l’ECG. Les patients sont alors plus âgés, plus souvent dyslipidémiques et diabétiques… et plus susceptibles de développer une insuffisance cardiaque à terme.

La prise en charge consiste en une coronarographie le lendemain, l’urgence étant moins vitale que pour les infarctus de type I, avec sus-décalage de ST. Ceux-ci concernent aujourd’hui des patients de plus en plus jeunes, dotés de facteurs de risque vasculaire.

Les femmes, de plus en plus touchées

La dernière publication de Fast-MI en 2012 montrait que, sur 1 000 patients admis aux urgences pour IM, 230 étaient des patientes ; si la proportion de STMI (infarctus avec sus-décalage de ST) est constante, elles sont de plus en plus jeunes là encore. Deux facteurs de risque élèvent ici significativement le risque d’IM, un tabagisme et l’obésité. Les femmes sont désormais prises en charge de façon comparable aux hommes ; elles sont toutefois plus à risque dans la même situation, de tabagisme par exemple, parce que plus sensibles aux effets du tabac, et leur IM plus diffus à un âge avancé.

Par ailleurs, l’on connaît mieux de nouveaux facteurs de risque comme l’inflammation chronique, d’une polyarthrite rhumatoïde, d’une maladie de Crohn ou d’une hépatite certes, mais encore et surtout d’une mauvaise santé bucco-dentaire… L’inflammation en bouche est un indicateur de santé cardiovasculaire démontré. Enfin, les fumeurs de haschich, comme les cocaïnomanes ou les héroïnomanes, font autant d’IM que les fumeurs de tabac.

Avec le Pr Yves Cottin, chef du service de cardiologie au CHU de Dijon

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du Médecin: 9348