Chez les non-participantes depuis 3 ans

Vers une généralisation du dépistage organisé

Par
Publié le 26/10/2017
Article réservé aux abonnés
dépistage

dépistage
Crédit photo : PHANIE

En France, le dépistage du cancer du col est aujourd'hui individuel, avec un taux de couverture de l'ordre de 60 %, marqué par des inégalités socio-économiques, géographiques et culturelles. « La pratique actuelle est très disparate, rappelle Frédéric de Bels, de l'Institut national du cancer (INCa). Environ la moitié des femmes font un frottis trop souvent, tous les deux ans, 40 % tous les 3 ans comme cela est préconisé et de 5 à 10 % ne le font pas assez souvent ».

Les modalités du dépistage vont évoluer dans les prochains mois, vers un dépistage organisé ciblé sur les femmes qui n'ont pas été dépistées au cours des 3 années précédentes. Cette évolution va se faire selon un cahier des charges établi par l'INCa sur la base d'une expérimentation menée dans 11 départements, représentant une population de 2,4 millions de femmes âgées de 25 à 65 ans. Selon l'évaluation réalisée par Santé publique France, sur la période 2010-2012, 1,32 million de femmes qui n'avaient pas fait de frottis au cours des 3 dernières années ont reçu une invitation à se faire dépister, puis plus de 450 000 ont été relancées. Au total, le taux de couverture du dépistage a été de 62 %, avec un gain significatif chez les femmes peu ou pas dépistées, telles que les femmes de plus de 50 ans ou celles éloignées des structures de santé pour des raisons économiques ou culturelles.

Dans le cadre de la mise en place du dépistage organisé, l'INCa a mené une étude médico-économique qui visait notamment à identifier les différentes options de dépistage. « L'efficience des différentes stratégies de dépistage ne se mesure pas en termes de cancers évités : l'objectif n'est pas seulement de dépister les cancers du col de l'utérus, dont on dénombre 3 000 cas par an, mais aussi de détecter les lésions précancéreuses qui, elles, représentent 30 000 cas par an, indique Frédéric de Bels. Il s'agissait plutôt de définir la stratégie ayant le meilleur rapport coût/rendement, permettant d'une part de cibler les femmes qui aujourd'hui ne participent pas au dépistage individuel, et, d'autre part, de remplacer ensuite facilement le frottis cervico-utérin par un test HPV ». À l'issue de cette étude, l'INCa a donc préconisé la généralisation d'un dépistage organisé avec invitation/relance des femmes non participantes, fondé sur la réalisation d'un frottis en phase liquide. Ce choix permettra de faciliter le passage au test HPV lorsqu'il sera retenu en dépistage primaire... « À relativement court terme, mais pour l'instant certains points, comme l'âge de début des tests ou leur espacement, sont encore discutés », note Frédéric de Bels, qui estime que dans un premier temps, l'essentiel est que les femmes fassent un prélèvement.

« Nous essayons d'avoir une visibilité sur l'ensemble de la population, mais il y aura des adaptations en fonction des zones géographiques, poursuit Frédéric de Bels. Les besoins peuvent varier localement, car l'incidence de l'infection à HPV et donc des lésions du col n'est pas uniforme sur le territoire, tout comme les difficultés d'accès ».

Enfin, il apparaît essentiel que les médecins généralistes s'impliquent dans le dépistage du cancer du col et « il faut pour cela les soutenir par une information et une formation, souligne Frédéric de Bels. Ce dépistage doit s'inscrire plus largement dans le suivi des femmes, en particulier dans le cadre de la contraception et de la grossesse ».

D'après un entretien avec Frédéric de Bels, responsable du département dépistage, Institut national du cancer.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9613