Tout le gouvernement est en vacances cette semaine, sauf lui. François Braun, ministre de la Santé, surveille comme le lait sur le feu la situation dans les services d'urgences, sous tension comme jamais. « En termes de fermetures, c’est-à-dire un service d'urgences qui n'accueillerait plus personne, il y en avait quatre avant le mois de juillet, il y en a huit aujourd'hui » a-t-il reconnu au micro de RTL ce matin. La moitié d'entre eux seraient dans des cliniques et proches de services d'urgences publics.
Pourtant la semaine dernière, Samu-Urgences de France, l'organisation présidée par François Braun jusqu'à ce qu'il ne devienne ministre, publiait une enquête sur l'augmentation de l'activité des services au mois de juillet, faisant état de « 23 établissements qui ont réalisé une fermeture totale pour un nombre cumulé de 208 jours ». Une évaluation a minima puisqu'environ la moitié des services d'urgences de l'hexagone avait répondu à l'enquête du syndicat.
Celui-ci avait aussi estimé que les mesures décidées pour passer l'été sont notoirement insuffisantes. « Nous avions clairement annoncé, dès le départ, que les mesures estivales de la mission flash ne régleraient pas tous les problèmes, a répondu le ministre. Ce sont des mesures pour permettre de passer l'été le moins mal possible ».
« La régulation est une très bonne chose »
Alors qu'une campagne nationale de communication a été lancée mi juillet pour inciter les patients à appeler le 15 plutôt que de se rendre à l'hôpital d'eux-mêmes, le ministre a rappelé les deux maux des urgences. « La problématique que je connais quand même encore bien est double, a glissé l'ancien chef des urgences du CH de Metz. D'une part, il y a les gens qui viennent aux urgences alors qu'ils pourraient être pris en charge ailleurs et d'autre part les gens qui sont aux urgences et qu'on a du mal à hospitaliser parce qu'on manque de lits disponibles ».
Et de défendre, une fois de plus, la régulation en amont. « La régulation médicale est une très bonne chose car elle permet aux gens d'être pris en charge de façon beaucoup plus efficace » a-t-il fait valoir. Selon l'enquête de Samu-Urgences de France, 88 établissements (26 % des répondants) avaient mis en place une restriction d’accès, dont 67 avec une régulation médicale systématique par le SAMU-Centre 15 pour autoriser l’accès aux urgences. « Il y a des services d'urgences qui limitent leurs entrées la nuit effectivement, mais je rappelle que nous avions bien précisé que toutes les personnes qui se présentent doivent être accueillies et éventuellement réorientées, a ajouté François Braun. En outre, les urgences vitales sont maintenues partout et les équipes de réanimation du Samu sont disponibles partout. »
« Il faut raison garder »
Toujours selon le même coup de sonde, 42 établissements ont été contraints de réaliser une fermeture totale de nuit de leur service d'urgences pour un nombre cumulé de 546 nuits en juillet. « Il faut raison garder dans la façon dont on présente les choses » a néanmoins invité le ministre au micro de RTL, tout en assurant comprendre « l'inquiétude de nos concitoyens » face aux fermetures et avant de « remercier les collègues généralistes qui, partout sur le territoire, se sont mis en ordre de marche pour accueillir ces patients ».
Demain le ministre de la Santé se rendra en Meurthe-et-Moselle, département voisin du sien, pour visiter la maison de santé pluridisciplinaire de Longwy afin d'échanger avec les « acteurs de terrain » sur la « problématique des déserts médicaux et de la continuité des soins sur l’ensemble du territoire ».
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne