Nous ne pouvons pas le nier : le jour d’après ne s’est pas encore levé sur le monde. Nous sommes toujours empêchés dans nos vies par la pandémie de SARS-coV-2 qui s’est étendue, au début de l’année dernière, à toutes les communautés humaines de notre planète.
Reconnaissons qu’alors, fortement démunis face à la violence de la première vague épidémique nous avons collectivement pu vivre une forme d’état de sidération. Et ce d’autant plus, que pour faire face à l’augmentation constante des décès liés à cette infection, une forme de mort sociale nous était imposée au travers d’un confinement.
La surprise est désormais passée. Les polémiques sur l’absence de protections individuelles et les soignants testés positifs à la Covid mais rappelés en service pour pallier au manque crucial d’effectifs sont derrière nous. Mais elles ont laissé indéniablement des traces.
Depuis, nous avons appris l’efficacité de la distanciation sociale, des gestes barrières, du port du masque, de l’aération des locaux pour contenir la propagation du virus. Nous rêvons qu’un traitement curatif nous permette de passer le plus vite possible à autre chose.
Dans l’attente, des vaccins sûrs ont été développés, produits et mis à disposition dans des conditions exceptionnelles, bien qu’inégalitaires entre pays riches et pauvres. Ces traitements prophylactiques ont fait la démonstration de leur efficacité à grande échelle avec plus de 3 milliards de doses injectées.
Alors qu’une étude britannique récente suggère que l’infection par le variant Delta entraîne deux fois plus de risque d’être hospitalisé que la souche Alpha, la vaccination pleine et entière apparaît comme la meilleure manière de réduire le risque individuel de développer une forme grave de la maladie et d’hospitalisation. Elle nous permet en même temps de nous tenir à distance des conséquences socio-économiques d’un nouveau confinement.
La liberté individuelle face à l'intérêt général
Dans ce contexte, pour sauver le plus de vies humaines possibles, il nous apparaît comme impératif que le plus grand nombre de nos concitoyens soit vaccinés. Et parce que les soignants se trouvent en première ligne, au contact quotidien de la population, de personnes malades et fragiles qu’ils se doivent de protéger, nous les appelons à se faire vacciner de manière volontaire. Parce que, pour la CFDT, protéger la santé des salariés au travail relève de sa responsabilité.
Mais nous parlons ici d’une maladie virale, hautement contagieuse. Les choix individuels, dans ce cas, peuvent avoir de graves conséquences pour la collectivité dans son ensemble. La liberté individuelle se trouve alors contrainte par les enjeux collectifs que l’on appelle aussi l’intérêt général.
C’est à cette aune que doit être mesurée l’obligation vaccinale faite aux soignants comme c’est le cas déjà depuis de nombreuses années pour la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite ou l’hépatite B. Rappelons à ce titre qu’être vacciné contre ces pathologies est rendu obligatoire par le code de la santé publique. Ces vaccinations sont considérées comme une condition d’aptitude à l’exercice professionnel.
Face au non-respect de cette obligation, la circulaire du 26 avril 1998 précisait déjà la possibilité d’un changement d’affectation, voire d’une rupture de contrat de travail en cas d’impossibilité de réaffectation. Ces dispositions prises depuis plus d’une vingtaine d’années n’ont jamais suscité un mouvement de controverse tel que celui qui s’exprime de nos jours parmi les personnels concernés.
Pour autant, nous considérons que l’obligation vaccinale ne peut s’entendre qu’après avoir permis le dialogue et levé les appréhensions. De plus, un équilibre doit être trouvé entre droits et devoirs : permettre aux professionnels de se faire vacciner sur leur temps de travail, considérer les effets indésirables potentiels en n’appliquant pas de jours de carences non rémunérés dans les 48 heures suivant l’injection et faciliter la reconnaissance d’une atteinte par la Covid 19 comme une maladie professionnelle.
Les professionnel.le.s du secteur sanitaire, social et médico-social sont fatigué.es et en colère, à juste titre. Cela fait des années qu’ils dénoncent le manque de moyens qui les empêche d’exercer leurs métiers en toute sérénité. Alors que dans cette crise, ils ont fait face et rempli leurs missions de manière exceptionnelle, ce serait dommage qu’ils se trompent de combat.
Exergue : Un équilibre doit être trouvé entre droits et devoirs des professionels
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Il faut convaincre et non contraindre
Ne pas se tromper de combat
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