Les faits se sont déroulés vendredi à 18 heures dans le 19e arrondissement de Paris et sont d'une violence assez rare pour des soignants. « Notre équipe SMUR a été appelée pour prendre en charge un patient en état de choc hémorragique au SSR de l'hôpital Jean Jaurès, relate le Dr Éric Revue, chef du service des urgences et du SMUR de l'hôpital Lariboisière. La rue est étroite, le camion n'a pas pu se garer sur un emplacement dédié aux ambulances et a donc bloqué la rue. Dès que l'équipe est sortie, les automobilistes ont commencé à lui lancer des quolibets. »
Certains d'entre eux tambourinent rapidement contre l'ambulance, le ton monte et la tension est à son comble quand les brancardiers arrivent avec le patient. « Une femme d'environ 25 ans, très agressive va chercher une bombe lacrymogène dans sa voiture, raconte encore le Dr Revue. Elle donne un coup de pied au thorax à l'infirmier et s'apprête à gazer tout le monde sous les encouragements de la foule. » Heureusement, l'équipe met immédiatement le patient à l'abri à l'intérieur et cinq équipages de police, arrivées sur les lieux, après avoir été appelées par l'hôpital, ramènent le calme et appréhendent la jeune femme.
Solidarité des SAMU
L'incident aura toutefois duré une bonne demi-heure et l'équipe est démobilisée pendant trois heures pour permettre aux personnels de porter plainte. L'infirmier touché se voit prescrire une journée d'ITT et un suivi psychologique lui a été proposé. « Outre le soignant qui a subi des coups et blessure, l'AP-HP a également porté plainte car il y a eu dégradation de matériel et mise en danger d'un patient », détaille le Dr Revue.
Selon lui, l'équipe a reçu des messages de soutien des SAMU dans toute la France. « Cela aurait pu être pire, on a géré, note le chef des urgences. Il faut saluer le calme et le professionnalisme des équipes qui ont protégé le patient. Mais nous avons été très choqués. On sait que les policiers et les pompiers sont déjà des cibles, mais nous pensions encore être intouchables »
En mars 2019, une série d'agressions aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine à Paris avaient constitué l'un des éléments déclencheur du grand mouvement de grève de l'hôpital public, qui avait commencé par les services d'urgences. À l’époque, il avait été reproché à la direction de l'AP-HP de ne pas avoir suffisamment soutenu les soignants agressés.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne