TRADITIONNELLEMENT, la médecine physique et de réadaptation (MPR) s’était peu intéressée à la cancérologie, exception faite de certains patients comme ceux ayant subi une amputation pour un sarcome ou ceux présentant une lésion médullaire ou cérébrale (compression médullaire, tumeur cérébrale). « Désormais, grâce aux progrès de la prise en charge thérapeutique de nombreux cancers, nous sommes sollicités dans le cadre de la chronicisation de la maladie, les patients pouvant être en rémission ou en guérison et présenter des séquelles précoces ou parfois très tardives, telles une paralysie périphérique du nerf sciatique poplité externe, une atteinte de l’épaule et du bras après cancer du sein, des troubles urinaires ou sexuels dans certaines atteintes viscérales du bassin, et plus encore une asthénie ou un déconditionnement physique, très fréquent, qui peuvent nécessiter un programme de réentraînement », précise le Dr Paul Calmels (Saint-Étienne).
Pour le patient qui, d’un point de vue carcinologique, peut être considéré comme guéri, la déficience d’une fonction est souvent vécue comme un handicap, avec ses conséquences sur la vie familiale, sociale, professionnelle. Cette dimension, longtemps au second plan, commence à être perçue par les différents soignants. « Les équipes de MPR sont aujourd’hui fréquemment sollicitées par les unités de soins de support, qui font déjà de l’accompagnement des patients, explique le Dr Calmels. Par ce biais, nous avons développé un partenariat avec l’AFSOS (Association francophone pour les soins oncologiques de support) et participons à son congrès national depuis plusieurs années ». Un groupe de travail a été créé avec des cancérologues sur la rééducation, la réadaptation et l’activité physique. Le congrès de la SOFMER propose également, une année sur deux, une thématique de cancérologie.
La notion de stabilisation évolue.
« Nous avons également participé à un référentiel sur la reprise de l’activité physique, qui a montré ses bénéfices en termes de réduction des récidives dans le cancer du sein et dans le cancer du rectum, et travaillé sur la problématique du lymphœdème, qui peut entraîner une perte fonctionnelle du bras. Un prochain thème de travail est les troubles cognitifs associés aux tumeurs cérébrales », poursuit le Dr Calmels, avant de souligner le caractère émergent de la thématique MPR et cancer. Historiquement, les rééducateurs intervenaient dans une pathologie stabilisée. En cancérologie, la notion de stabilisation est plus complexe ; il faut savoir agir plus vite compte tenu des incertitudes pronostiques et intégrer la notion de prévention, dès la phase aiguë, afin de prévenir ou réduire des séquelles notamment cicatricielles (cutanées ou ostéoarticulaires). « Actuellement, pour répondre à la demande croissante des centres de cancérologie, nous recensons les rééducateurs intéressés ce domaine », conclut le Dr Calmels.
D’après un entretien avec le Dr Paul Calmels, vice-président de la Sofmer, CHU, Saint-Étienne.
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