Localisation colorectale

À la recherche de la signification du papillomavirus dans la muqueuse

Publié le 09/07/2012
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LES DONNÉES de la littérature relatives au rôle possible du papillomavirus humain dans le cancer colorectal sont contradictoires. L. Lorenzon et coll. ont entrepris une revue de la littérature afin de comprendre si l’infection par l’HPV a effectivement un rôle actif dans la carcinogenèse colorectale*.

Ces auteurs ont retrouvé 15 études cas-témoins publiées au cours desquelles une corrélation entre l’infection par le papillomavirus et le cancer du côlon a été recherchée. Six autres études portaient sur le rôle du virus dans la carcinogenèse colorectale.

Dans la majorité des séries rapportées, les fréquences d’identification du papillomavirus dans les tumeurs et dans les cas témoins ont été significativement différentes. Le taux de détection du virus dans les carcinomes a été en moyenne de 41,7 %, à rapprocher d’une fréquence de détection moyenne de 32,8 % dans la muqueuse colique adjacente, et de 5,8 % seulement chez les témoins (p = 0,001).

Certaines études ont porté sur l’amplification de l’oncogène c-myc. Dans d’autres études, les auteurs ont tenté de mettre en évidence une mutation du gène K-ras, l’un des premiers oncogènes découverts. Celui-ci est une composante essentielle de la cascade de transduction du signal en aval du récepteur membranaire EGFR. D’autres travaux ont porté sur la recherche d’un polymorphisme ou de mutations au niveau du gène p53. Toutes ces études n’ont finalement pas encore permis de définir précisément le rôle possible du papillomavirus dans la cancérogenèse colique.

Dans une série personnelle de L. Lorenzon et coll., 16,6 % des patients étaient HPV16 positifs. Au total, le papillomavirus a bien été mis en évidence dans la majorité des travaux portant sur le cancer colique, tout au moins dans des séries importantes. Mais son rôle possible dans l’oncogenèse, l’intégration dans le génome hôte, l’expression d’oncoprotéines virales, les mutations dans les cancers HPV positifs et les voies d’infection du colon (hématologique, lymphatique ou diffusion par le périnée), ne sont pas clairs.

D’après la communication de L. Lorenzon (université La Sapienza, Rome, Italie)

*Lorenzon L, Ferri M, Pilozzi E, et coll. Human papillomavirus and colorectal cancer: evidences and pitfalls of published literature. Int J Colorectal Dis. 2011;26(2):135-42.

 Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9152