Polypes colorectaux : une classification simplifiée

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Publié le 18/03/2021
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L’algorithme CONECCT regroupe l’ensemble des critères, de diverses classifications. Il permet d’orienter de façon plus fiable la prise en charge des polypes vers la résection endoscopique ou la chirurgie.
Environ 30 % de polypes bénins de grande taille font à tort l’objet d’une chirurgie

Environ 30 % de polypes bénins de grande taille font à tort l’objet d’une chirurgie
Crédit photo : Phanie

Les classifications des polypes sont multiples et du fait de leur complexité ne sont utilisées par les gastroentérologues que dans 30 à 50 % des cas. Ce qui peut amener à une prise en charge non optimale liée à une prédiction histologique imparfaite. En effet, certains polypes sont traités par chirurgie alors qu’ils pourraient l'être par les voies naturelles. À l’inverse, on observe des tentatives de résection endoscopique inappropriées de cancers invasifs qui justifieraient d’un abord chirurgical. L’intérêt d’une classification endoscopique fiable est d’éliminer à la fois les traitements par défaut et par excès. Environ 30 % de polypes bénins de grande taille font à tort l’objet d’une chirurgie, un taux qu’on souhaiterait réduire.

Tous les critères prédictifs regroupés en 5 classes

La classification CONECCT vise à simplifier la prédiction histologique finale des polypes examinés avec des endoscopes récents de haute définition. Elle regroupe tous les critères prédictifs des différentes classifications. On dénombre maintenant cinq classes : les polypes hyperplasiques, ou festonnés, les adénomes simples, les cancers invasifs et une nouvelle classe, les adénomes à risque ou cancers superficiels. « C’est la première classification qui combine à la fois les anomalies des glandes et des vaisseaux suspectes de cancer, et les anomalies de forme, comme la présence d’un macronodule de plus d’1 cm ou d’une dépression au sein du polype », précise le Dr Jérémie Jacques, gastroentérologue au CHU de Limoges (1).

Tenir compte de l’aspect granulaire de la lésion

L’étude présentée aux JFHOD (2) s’est centrée uniquement sur les grosses lésions colorectales de plus de 2 cm, alors que la plupart des autres essais portent essentiellement sur les petites lésions. Ses conclusions, avec la classification CONECCT, sont claires : pour les polypes de classe CONECCT IIA (absence de critères de malignité), il n’y a jamais de cancers sous-muqueux ; alors que dans les lésions à risque de classe CONECCT IIC, le raisonnement dépend de l’aspect granulaire ou non de la lésion. Si elle est granulaire, la forme du polype est le principal facteur prédictif de la présence d’un cancer. Il convient donc d’être particulièrement vigilant devant des lésions granulaires associées à des macronodules ou des dépressions au sein du polype. Par contre, si elles sont non granulaires, les anomalies des glandes ou des vaisseaux sont primordiales à rechercher car elles sont associées à la présence de cancers sous-muqueux.

La classification CONECCT est très utilisée en France mais encore difficile à faire valider à l’international, alors qu’elle est une des plus performantes concernant la concordance interobservateurs. S’apparentant en fait plus à un algorithme, elle sera probablement démocratisée par l’arrivée de l’intelligence artificielle.

D’après un entretien avec le Dr Jérémie Jacques, CHU de Limoges
(1) Fabritius M, Gonzalez JM et al. A simplified table using validated diagnostic criteria is effective to improve characterization of colorectal polyps : the CONECCT teaching program. Endoscopy international open 2019;7, E1197-E1206
(2) Brulé Clémentine. La classification CONECCT permet d’éliminer le cancer sous-muqueux dans les lésions colorectales superficielles de grande taille : étude prospective sur 663 lésions, thèse d'exercice. Limoges, Université de Limoges, 2020. Disponible sur http://aurore.unilim.fr/ori-oai-search/notice/view/unilim-ori-113349

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin