« La tolérance sociétale vis-à-vis des hommes obèses est plus grande que pour les femmes, de sorte qu'ils consultent moins souvent pour une obésité », explique le Pr Czernichow.
En mesurant systématiquement leur corpulence avec l'indice de masse corporelle (IMC), le médecin traitant peut et doit jouer un rôle majeur dans le dépistage de l'obésité de grade 1 (IMC de 30 à 34,9 kg/m2), de grade 2 (35 à 39,9) ou de grade 3 (supérieur à 40). « Il est en première ligne pour alerter sur les risques médicaux associés : cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires avec le syndrome d'apnées du sommeil, l'asthme et le dépistage des cancers », insiste l'endocrinologue.
La prise en charge nutritionnelle de première intention doit se faire par le généraliste. Un nutritionniste ou un endocrinologue de ville peuvent prendre le relais. Pour les cas les plus complexes, le patient avec une obésité peut être adressé dans l'un des 37 centres experts. « L'équipe multidisciplinaire y retrace son histoire pondérale, évalue son niveau de sédentarité et recherche la présence de troubles du comportement alimentaire, d'éventuelles addictions », détaille-t-il.
La décision de proposer une chirurgie bariatrique vient uniquement après échec d'une prise en charge multidisciplinaire d'au moins six mois (médicale, nutritionnelle et psychologique). « Sont ainsi concernés les hommes avec une IMC supérieure à 40 kg/m2 ou ceux avec une IMC supérieure à 35 kg/m2 et une comorbidité associée susceptible d'être améliorée par la chirurgie, précise le Pr Czernichow. Les résultats de la chirurgie dépendent de la préparation à cette opération, il ne faut pas brûler les étapes ».
Trop de perdus de vue après l'intervention
Alors qu'un suivi au long cours des patients opérés est essentiel pour repérer des complications nutritionnelles, chirurgicales ou psychologiques, environ la moitié des patients sont perdus de vue à cinq ans. Leur médecin traitant a donc un rôle à jouer. Il lui faut vérifier que le poids se stabilise (normalement autour de 12 à 18 mois), repérer des carences : dénutrition en protéines, carences en fer et en vitamines B12 et B1 pouvant mener à des troubles neurologiques irréversibles. « Devant des troubles cognitifs, des vertiges ou des paresthésies périphériques, il doit demander un dosage en vitamine B1 et en donner sans même attendre les résultats car les stocks de l'organisme sont très faibles pour cette vitamine », insiste le nutritionniste. Le généraliste doit enfin surveiller l'apparition de troubles psychiatriques comme une dépression réactionnelle ou une addiction à l'alcool.
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