Riche de milliards de bactéries, dix fois plus de cellules que tout le reste du corps, le microbiote intestinal joue un rôle dans de nombreux processus physiologiques. Fonction intestinale bien sûr, mais aussi angiogenèse intestinale, métabolisme, homéostasie du squelette, immunité ou encore comportement. Véritable organe, il fait l’objet depuis quelques années d’une recherche très active, qui a notamment permis de mettre en évidence sa contribution au développement de l’obésité et de ses conséquences, diabète de type 2 et maladies cardiovasculaires.
Comme pour les groupes sanguins, trois phénotypes différents de microbiote, caractérisés par une population bactérienne prédominante, ont été individualisés dans la population humaine. L’entérotype 1, dominé par Bacteroides, l’entérotype 2, dominé par Prevotella et enfin l’entérotype 3 dominé par Ruminococcus.
Les travaux expérimentaux réalisés sur un modèle de souris stériles (qui sont résistantes à l’obésité) ont pu établir le lien existant entre le microbiote, l’obésité et l’insulinorésistance. Un certain nombre de sujets obèses présentent une perte de diversité bactérienne et ces individus ont plus de facteurs de risque (dyslipidémie, inflammation de bas grade) et s’améliorent moins que d’autres avec un régime. « Il est ainsi possible d’imaginer, à terme, la possibilité de stratifier les patients en fonction de leur microbiote et de leur proposer le traitement le plus adapté : régime, exercice physique, pré-ou probiotiques, traitement médicamenteux ou chirurgie », a exposé le Pr Fredrik Bäckhed (Suède).
Les mécanismes par lesquels le microbiote agit sont très divers. Outre un impact sur de nombreux gènes, et donc tissus (cerveau, foie, épithélium, muscle, tissu adipeux), il a aussi des effets sur les aliments. Les travaux récents ont montré qu’il est capable de moduler l’homéostasie des acides biliaires et que nombre de ses effets se font via l’activation de la signalisation du farnesoide X receptor (FXR) : augmentation de la stéatose et de l’inflammation du tissu adipeux, modulation du métabolisme glucidique et induction de l’obésité.
Améliorer la diversité
Des mesures diététiques peuvent avoir un impact sur le microbiote et contribuer à améliorer sa diversité. Des recherches portent notamment sur la bactérie Akkermansia muciniphila, qui fait défaut chez les souris obèses mais peut être ramenée à un niveau normal (par l’alimentation ou une infusion), ce qui se traduit par une perte de poids. Les données chez l’homme montrent que les sujets obèses avec des taux élevés de cette bactérie ont des adipocytes plus petits.
Autre voie très étudiée : la chirurgie bariatrique, dont les bénéfices ne passeraient pas seulement par la pette de poids induite par la restriction calorique, mais également par un effet direct sur le microbiote. À la lumière des travaux récents, elle entraînerait une augmentation de la diversité bactérienne, avec l’apparition de bactéries non présentes auparavant.
Transplantation
La transplantation de fèces est une autre option étudiée pour modifier le microbiote. Une amélioration de la sensibilité à l’insuline a déjà été rapportée après transplantation fécale chez la souris. Très récemment, des données préliminaires suggèrent les effets bénéfiques dose-dépendants de l’apport par gavage quotidien d’une souche de bactéries – Eubacterium halii – sur la sensibilité à l’insuline et la stéatose hépatique. Parallèlement, la vaccination contre certaines bactéries intestinales pourrait prévenir le développement d’une insulinorésistance. Autant de voies thérapeutiques dont la faisabilité va maintenant être évaluée en clinique.
D’après les communications de Fredrik Bäckhed, Suède, Karine Clément, France et Max Nieuwdorp, Pays-Bas, Emerging concept : the role of gut microbiota.
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