Au-delà du débat sociétal sur l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation aux femmes seules ou en couple, et sur l'autoconservation ovocytaire pour raison non médicale, les médecins spécialistes de la reproduction attendent de cette révision 2018 des lois de bioéthiques des changements concrets pour leur discipline.
La Fédération nationale des biologistes des laboratoires d'étude de la fécondation et de la conservation de l'œuf (BLEFCO) milite pour l'autorisation du diagnostic génétique préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A). À la différence du diagnostic préimplantatoire, qui, dans les 5 centres où il est autorisé pour les couples à risque cible l'une des 221 maladies génétiques recensées par l'Agence de la biomédecine, le DPI-A permet d'explorer tous les chromosomes afin de n'implanter que des embryons indemnes. « Ce test est un réel bénéfice pour les patients, qui sinon, vont le chercher ailleurs en Europe dans des conditions de sécurité pas toujours idéales », défend la vice-présidente, Pr Rachel Lévy, chef du service de biologie de la reproduction - CECOS de Tenon (AP-HP).
Les spécialistes proposent des pistes pour améliorer les dons de gamètes. Pour le Pr Samir Hamamah, responsable du département de Biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, les donneuses d'ovocytes doivent être indemnisées. « L'ouverture de l'AMP à toutes les femmes doit être accompagnée de mesures concrètes, sinon, on ne parviendra pas à répondre à la demande de ces femmes, et cela risque de mettre à mal le circuit qui existe aujourd'hui pour les couples infertiles », estime la Pr Nathalie Rives, présidente de la Fédération française des CECOS. La Fédération souhaite ouvrir le débat sur l'autorisation du double don de gamètes entre couples infertiles, interdit en France, demander un registre national de donneurs d'embryon, plaider pour un assouplissement des procédures juridiques qui entourent l'AMP, et pour un soutien à la recherche.
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