LE QUOTIDIEN : vous avez émis le souhait que les débats sur l'AMP et la fin de vie n'occultent pas les enjeux éthiques soulevés par les avancées toujours plus rapides de la science. Qu'entendez-vous par là ?
Pr DELFRAISSY : Parlons de la fin de vie et de la PMA sans tabou. Mais pas que de cela ! Les big datas sont une révolution pour la formation des médecins. Ma génération devait avoir du bon sens et un cerveau qui avait accumulé le plus d'informations possible. Or à Boston, je me suis battu contre un ordinateur ; en moins de cinq minutes, il m'a sorti le bon diagnostic sur un cas très difficile. Peut-être qu'aujourd'hui, le médecin a moins besoin d'un énorme corpus de connaissances et doit se concentrer davantage sur le travail d'écoute du patient et de la communication d'un diagnostic. Que veut-on comme médecin pour demain ? Comment le former ?
L'intelligence artificielle en neurochirurgie nous interroge sur ce que signifie un consentement éclairé à l'égard d'un robot.
Les ciseaux moléculaires crispr-cas 9 peuvent être considérés comme un nouvel outil thérapeutique, mais que fait-on quand on modifie le génome des cellules somatiques, voire germinales ?
Les tests génétiques en vente sur internet sont interdits en France mais je m'attends à ce que les scientifiques, qui s'intéressent à tous les aspects de la médecine prédictive et de la nouvelle génomique, ouvrent le débat.
Quelles questions pourraient surgir autour de la recherche sur l'embryon : La production d'un embryon à visée de recherche, l'autorisation des programmes de recherche sur les cellules-souches ?
Oui ces discussions, qui ont déjà cours au sein des comités éthiques des instituts de recherche, font partie intégrante de la révision de la loi de bioéthique, tout comme celles qui portent sur le diagnostic génétique préimplantatoire des aneuploïdies. La thématique de la reproduction apparaît à deux niveaux, sur les aspects sociétaux et scientifiques, qui sont fondamentaux.
Comment les médecins peuvent-ils se faire entendre ?
À travers les sociétés savantes.
Plus largement, qu'ont-ils à attendre de ces États généraux ?
Dans l'immédiat, cela ne va pas changer la vie du médecin généraliste de base, sauf que c'est un débat sociétal, sauf que ses patients peuvent l'interroger sur la PMA, sauf qu'il est en première ligne sur le sujet de la fin de vie, lorsqu'il est face aux familles ou qu'il travaille dans un Ehpad. Tous les médecins sont les bienvenus aux États généraux !
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« Les médecins sont les bienvenus aux États généraux de la bioéthique »
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