Prise en charge du lymphœdème

Des bienfaits évalués à La Léchère-les-Bains

Publié le 18/01/2016
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La radiothérapie axillaire dans le cancer du sein, la cause la plus fréquente

La radiothérapie axillaire dans le cancer du sein, la cause la plus fréquente
Crédit photo : BSIP

Le lymphoedème est une pathologie chronique causée par l’accumulation de la lymphe dans le tissu interstitiel qui peut être consécutive à une malformation constitutionnelle du système lymphatique (lymphoedème primaire) ou à une destruction des voies lymphatiques normales (lymphoedème secondaire). Il touche surtout les membres supérieurs et inférieurs.

Plusieurs causes peuvent en être responsables, notamment l’obstruction des vaisseaux lymphatiques ou leur dégradation à la suite d’un accident, d’une chirurgie, notamment d’un curage ganglionnaire, d’une radiothérapie axillaire (dans le cas du cancer du sein par exemple qui en est la cause la plus fréquente).

La cure proposée vise à activer la circulation dans les vaisseaux lymphatiques restés fonctionnels afin de réduire l’œdème du bras ou de la jambe en associant plusieurs techniques et à améliorer la qualité de vie.

Programme Thermoedème

Le programme Thermoedème associant des soins de balnéothérapie spécifiques sur la base d’une cure traditionnelle de 18 jours (massages à type de drainage lymphatique sous affusion d’eau thermale, des exercices physiques en piscine d’eau profonde, des douches tangentielles de type Talaxion, enveloppements d’eau thermale…) ainsi qu’un programme d’éducation thérapeutique a été conçu par un groupe de travail issu de cinq stations thermales sous l’égide de l’AFRETh. Il a été autorisé par l’Agence régionale de santé Rhône-Alpes et développé en 2014 et 2015 à la Léchère les Bains ainsi que dans trois autres stations : Argeles Gazost, Barbotan les Thermes et Luze Saint-Sauveur.

Le programme d’éducation thérapeutique a été conçu afin d’aider le patient à mieux prendre en charge au quotidien cette maladie chronique en lui apprenant notamment les bons gestes préventifs. Il est dispensé par un kinésithérapeute et une infirmière formés à l’éducation thérapeutique et aux techniques de prise en charge spécifiques du lymphœdème. Il comprend trois ateliers collectifs de connaissance, deux entretiens individuels avec un professionnel de santé et deux ateliers pratiques.

Mise en place d’un essai contrôlé randomisé

Le programme Thermoedème est mis en place depuis 2014 à La Léchère-les- Bains : 40 patients la première année, puis 69 en 2015, présentant un lymphœdème de stade II ou III ont suivi soit un programme complet (soins associés à l’éducation thérapeutique), soit les soins thermaux sans éducation afin de faire une évaluation préliminaire du programme. Les critères d’évaluation étaient les mensurations étagées à dix niveaux le long du membre atteint à J0, J10 et J20 et l’échelle de qualité de vie ULL27 à J0, J90 et J270. Les résultats préliminaires ont montré une réduction significative du handicap fonctionnel et du périmètre du membre atteint, une satisfaction des patients et une amélioration de la qualité de vie. Ces résultats encourageants justifient la mise en place, d’un essai contrôlé randomisé financé par l’AFRETh afin d’évaluer avec une méthodologie rigoureuse le programme Thermoedème chez des patientes atteintes de lymphoedème post-thérapeutique de cancer du sein.

L’objectif principal est l’amélioration de la qualité de vie mesurée par l’échelle ULL27 à 6 mois. Les objectifs secondaires sont les suivants : réduction du volume du bras mesurée par périmétrie étagée, qualité de vie, réalisation des objectifs éducatifs, évaluation des coûts induits et recueil des effets indésirables.

« L’expérimentation préliminaire du programme Thermoedème montre d’une part le besoin fortement ressenti des patients pour une prise en charge à la fois physique et éducative sur cette pathologie et d’autre part, l’importance de l’investissement nécessaire de la part des équipes soignantes et éducatives et le caractère irremplaçable des entretiens individuels. Le degré de satisfaction des patients est très élevé mais le bénéfice réel demande à être mesuré objectivement ce qui va être réalisé dans l’étude qui se met en place », souligne le Pr Patrick Carpentier (Médecine vasculaire, CHU de Grenoble)

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9463