Il existe des données abondantes et convergentes sur les particules fines PM2,5 (inférieures à 2,5 µm), accusées de provoquer neuf millions de décès prématurés dans le monde toutes causes confondues. En revanche, on manque encore d’études sur les particules ultra-fines, 5 000 fois plus petites qu’un grain de sable et capables de pénétrer plus profondément dans l’organisme.
Un rôle dans les ischémies cérébrales
Les données concernant le rôle joué par les particules fines dans les infarctus cérébraux sont cohérentes avec celles obtenues dans les infarctus du myocarde. « Le mécanisme biologique qui sous-tend la toxicité de la pollution aérienne et des particules fines n’est pas totalement élucidé. Une partie des particules fines, et probablement des particules ultra-fines, se retrouve dans la circulation sanguine où elle provoque une inflammation, une altération de la barrière hémato-encéphalique et une activation des cellules gliales. Les particules fines, notamment les plus petites d’entre elles, pourraient aussi altérer la réponse immunitaire innée et transiter par le cerveau via le bulbe olfactif. Enfin, elles pourraient accroître les risques d’ischémies cérébrales, via des effets indirects : augmentation de la fréquence cardiaque, de la viscosité sanguine et/ou des phénomènes thrombotiques, sans oublier une fragilisation des plaques d’athérome », précise la Pr Charlotte Cordonnier, cheffe de service de neurologie et pathologie neurovasculaire au CHU de Lille.
L’exposition à ces particules fines augmente la probabilité de faire un infarctus cérébral et d’en mourir. « Quand la concentration de PM2,5 augmente de 10 µg/m3, la mortalité par AVC et infarctus du myocarde augmente respectivement de 14 % et 16 %, pour des niveaux de concentration classiques dans nos pays occidentaux. Selon une autre étude (1) portant sur 3 000 Suédois vivant dans la région de Stockholm, l’augmentation de l’exposition au PM2,5 est associé à un risque accru de démence, via une hausse du risque d’accumulation de lésions vasculaires dans le cerveau. Cela avait déjà été montré au Canada dans la région d’Ontario : habiter près d’un grand axe routier augmente de 7 à 11 % le risque de démence (2) ».
Sensibiliser les patients
L’impact de la pollution à particules fines est donc réel et considéré comme un facteur de risque vasculaire modifiable. Certaines populations, lorsqu’elles sont exposées à ces particules fines, sont plus à risque : les hommes hypertendus y sont notamment plus sensibles. « On ne peut plus se contenter de passer le message de l’importance d’avoir une activité physique quotidienne. Il faut désormais préciser la nécessité d’être à plus de 400 mètres d’une zone de trafic pour courir et qu’en cas de pic de pollution, il est préférable de reporter sa séance de sport en extérieur. Le problème de la pollution intérieure doit aussi être abordé par les soignants, avec des conseils simples comme aérer tous les jours, éventuellement filtrer l’air, recycler l’air dans l’habitacle de la voiture en cas de trafic dense, etc. », conclut la Pr Cordonnier.
(1) Gulia G. et al. JAMA Neurology 2020;77(7):801-809
(2) Hong Chen et al. The Lancet 2017;389(10070):718-726.
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