Frénotomie buccale : alerte sur une hausse injustifiée des interventions

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Publié le 11/03/2022
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Une vingtaine de sociétés savantes et d'associations de professionnels* s'alarment du recours anormalement élevé à la frénotomie buccale chez le nourrisson et l'enfant après leur séjour en maternité.

Crédit photo : Phanie

« Face à l’accroissement très important sur tout le territoire de réseaux proposant, à des tarifs excessifs, de traiter par frénotomie buccale les douleurs mamelonnaires et l’arrêt précoce d’allaitement, ou pire de la pratiquer à titre préventif, des sociétés savantes médicales, chirurgicales, paramédicales, des collèges professionnels et des associations émettent les plus grandes réserves quant à l’intérêt et l’innocuité de ce geste invasif à risque d’effets secondaires », est-il écrit dans un communiqué commun. La frénotomie est une technique chirurgicale, qui consiste à sectionner le frein de la langue, de la lèvre ou de la joue. Le collectif de professionnels émet plusieurs recommandations pour lutter contre les pratiques abusives.

Des risques d'effets secondaires et de récidives

Le collectif constate que « ces pratiques se développent rapidement via des groupes de professionnels, plus ou moins reconnus, mais soutenus par un flux important d’informations circulant sur les réseaux sociaux » et met notamment en cause « des publications se disant scientifiques sans présenter la rigueur méthodologique indispensable à toute recherche ».

Les recommandations nationales et internationales existantes et une revue Cochrane ont mis en évidence le manque d'études scientifiques solides dans ce domaine, et donc un manque de consensus autour des définitions anatomiques et de la prise en charge.

En s'appuyant sur ces recommandations, le collectif estime par ailleurs que les parents doivent être informés du risque d’effets secondaires (hémorragies, lésion collatérale tissulaire, obstruction des voies respiratoires, refus de tétée…) et de récidives.

Mener des études rigoureuses sur les indications et l'efficacité

Au vu de ces constats, cinq recommandations émanent des sociétés savantes et des collèges de professionnels. Premièrement, la présence d'un frein de langue court et/ou épais ne doit pas être une indication chirurgicale en l’absence de difficultés.

Deuxièmement, le collectif plaide, en cas de difficultés, pour une démarche diagnostique scientifique menée par des professionnels qualifiés, « respectant une médecine basée sur des preuves, prenant en compte l’état général global de l’enfant, complétée d’une évaluation rigoureuse anatomique et surtout fonctionnelle de la succion/déglutition de l’enfant ». La décision d'une intervention chirurgicale, « restant exceptionnelle », devra être prise en lien avec le médecin traitant.

Troisièmement, une frénotomie aux ciseaux peut être indiquée après avoir informé les parents du rapport bénéfice/risque de cette pratique, « à condition qu’il existe un frein lingual antérieur court et/ou épais et uniquement après échec des mesures conservatrices non chirurgicales classiquement mises en place ». Aucun geste intrabuccal n’est nécessaire les jours suivant l'intervention, est-il précisé.

Quatrièmement, il est recommandé que « des études méthodologiquement rigoureuses ciblant les indications, l’efficacité et la tolérance de la frénotomie soient menées à terme sans délai ». Enfin, le collectif préconise d'améliorer la préparation à l’allaitement et la formation des professionnels afin de favoriser la prise en charge conservatrice et non chirurgicale en cas de difficultés.

*Notamment l'Association française de pédiatrie ambulatoire, la Fédération des réseaux de périnatalité française, la Société française de pédiatrie ou encore la Société française de stomatologie, chirurgie maxillo-faciale et chirurgie orale, etc.

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin