Des fractures occultées à la radio

Sujets âgés, tous au scanner !

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Publié le 14/11/2019

En traumatologie gériatrique, la radiographie conventionnelle méconnait bon nombre de fractures, en particulier au niveau du bassin et du rachis, où le scanner se révèle incontournable.

La prise en charge doit être rapide pour éviter la dépendance

La prise en charge doit être rapide pour éviter la dépendance
Crédit photo : Phanie

Chez les personnes âgées, la traumatologie est responsable de 25 % des admissions aux urgences, et 40 % des traumatismes sont des fractures. Leur prise en charge doit être rapide (dans les 6 heures) pour réduire la morbimortalité et éviter la dépendance.

Les radiographies conventionnelles sont responsables de nombreux faux négatifs – en particulier au niveau du carpe, du tarse ou du bassin. En effet, l’ostéoporose et les remaniements articulaires compliquent l’identification des fractures, de même que les artéfacts (par interposition de calcifications vasculaires), la stase stercorale, enfin il est difficile d’obtenir les incidences adaptées chez un patient algique ou peu coopérant.

Lorsque la clinique est peu parlante ou qu’il existe une discordance avec la radiographie, le scanner a un rôle important à jouer. Les fractures du rachis sont souvent occultées hors du contexte de chute, et doivent être suspectées devant des douleurs diffuses, un état général dégradé, parfois une rhabdomyolyse : les faux négatifs sont nombreux avec les clichés conventionnels dont l’interprétation est gênée par la scoliose ou l’arthrose. Il en est de même pour les fractures du sacrum ou du cotyle.

Dans ces conditions, il faut obtenir rapidement un scanner du rachis entier qui va visualiser tous les étages en une seule acquisition. « Ce n’est pas parce qu’on est âgé qu’on n’a pas le droit à un plateau technique performant », alerte la Dr Élisabeth Benattar (centre hospitalier de Menton). Il n’y a pas non plus de limite d’âge pour bénéficier d’un geste interventionnel. Une fois la fracture du rachis diagnostiquée, l’IRM peut permettre de poser éventuellement l’indication d’une cimentoplastie. Sous réserve d’indications bien ciblées, la cimentoplastie par radiologie interventionnelle (dont l’objectif est essentiellement antalgique) permet une mobilisation précoce qui réduit la mortalité et la durée moyenne de séjour. « On doit cependant poursuivre notre réflexion car on manque d’études sur le sujet », poursuit la radiologue

Session « Prise en charge en imagerie des urgences gériatriques »

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin