Le comité d’éthique de l’Inserm organisait mercredi toute une matinée autour du thème « Genre et recherche ». Pourquoi s’intéresser à cette problématique ?
Catherine Vidal L’idée est de se pencher sur les facteurs sociaux et culturels susceptibles d’influencer de façon spécifique la santé des femmes ou des hommes. Le comité d’éthique de l’Inserm s’intéresse à ces sujets car c’est un moyen de lutter contre un certain nombre d’inégalités et de discriminations en matière de santé. Or si cette question est abordée depuis plus de 10 ans dans d’autres pays européens et depuis presque 20 ans aux Etats-Unis la France est vraiment en retard.
Globalement, peut-on dire que les femmes pâtissent plus que les hommes de ces inégalités en matière de santé ?
C.V. Oui, mais pas toujours. L’infarctus du myocarde est clairement sous-diagnostiqué chez la femme car l’on considère encore qu’il s’agit d’une pathologie de l’homme d’âge moyen. Et là où l’on envoie les hommes chez le cardiologue, les femmes se voient prescrire des anxiolytiques… De même pour l’autisme, on dit que les garçons sont 4 fois plus touchés que les filles, mais ces chiffres cachent peut-être un sous-diagnostic en population féminine, une petite fille introvertie et réservée attirant moins l’attention qu’un petit garçon dans le même cas. En revanche, l’ostéoporose reste encore étiquetée comme une maladie de la femme ménopausée d’où un sous-diagnostic chez l’homme.
Plus que les différences biologiques ou génétiques, vous mettez l’accent sur le poids du genre et les stéréotypes.
C.V. Il n’y a pas d’un côté le sexe biologique et de l’autre côté le genre social ! Plutôt que d’attribuer les différences entre hommes et femmes aux seuls chromosomes ou aux hormones – ce qui est un raisonnement simpliste –, il faut maintenant se poser la question avec un autre éclairage qu’est le prisme du genre. Dans les pathologies cardiovasculaires, l’approche centrée sur les différences hormonales qui a longtemps prévalu a finalement été plus délétère que bénéfique avec le THM.
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