Ayrault nommé à Matignon : un partisan de la fermeté sur l’accès aux soins

Publié le 15/05/2012
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Crédit photo : AFP

Le maire de Nantes, 62 ans, était le grand favori pour Matignon, il a gagné. Jean-Marc Ayrault a été nommé ce mardi après-midi Premier ministre, confirmant les pronostics des derniers jours qui lui donnaient une longueur d’avance sur Martine Aubry, Manuel Valls et Pierre Moscovici pour Matignon.

Très proche de François Hollande qu’il avait soutenu lors de la primaire, et avec qui il entretient d’excellentes relations, le député de Loire-Atlantique reste relativement peu connu du grand public même si les Français l’ont vu souvent ferrailler pendant cinq ans contre la politique de Nicolas Sarkozy sur les bancs de l’Assemblée nationale - c’est lui qui dirigeait le groupe socialiste depuis 1997.

Ancien professeur d’allemand, germanophone, Jean-Marc Ayrault connaît parfaitement les rouages du Parlement. En revanche, il n’a aucune expérience ministérielle, tout comme François Hollande.

Hostile à HPST et aux dérives tarifaires

Présenté comme un homme de consensus (certains lui reprochent son manque de charisme), l’homme qui entre aujourd’hui à Matignon s’est illustré à l’Assemblée par des interventions parfois musclées dans le domaine de la santé et en particulier de l’accès aux soins (géographique et financier).

Dès 2004 déjà, il défendait une proposition de loi tendant à assurer la présence de professionnels de santé dans les zones déficitaires, en intégrant leur installation dans les schémas d’organisation sanitaire et en facilitant le regroupement des médecins au sein de maisons de santé.

En 2008, Jean-Marc Ayrault interrogeait Roselyne Bachelot sur ses ambitions pour contenir les dépassements d’honoraires constatées chez les médecins spécialistes et lutter contre des pratiques qui « pénalisent grandement les patients et fragilisent notamment les personnes âgées ». L’encadrement des dépassements d’honoraires « par spécialité et par région » figure parmi les engagements de campagne de François Hollande.

En mars 2011, Jean-Marc Ayrault portait une proposition de loi instituant un « bouclier rural » (texte rejeté), enfonçant un coin dans la sacro-sainte liberté d’installation des médecins libéraux. Un des articles fixait des délais maximum d’accès au médecin généraliste, à un service d’urgence ou encore à une maternité.

Sur la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST), Jean-Marc Ayrault a organisé la riposte parlementaire en mai 2009. Le député-maire de Nantes, mettait ainsi vivement en garde les médecins hospitaliers : « Même s’il y a eu des avancées sur la gouvernance des hôpitaux, la logique financière reste à l’œuvre, et le vrai patron de l’hôpital sera le directeur de l’Agence régionale de santé ». Dans son projet, François Hollande a prévenu qu’il comptait mettre un terme à la logique de l’hôpital « entreprise » et abroger la convergence tarifaire.

Jean-Marc Ayrault s’est par ailleurs illustré en s’opposant à l’augmentation de la taxation des mutuelles santé expliquant que cette mesure allait « pénaliser les classes populaires et moyennes ». Et contrairement à Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault est un farouche détracteur de la TVA sociale (réforme que François Hollande s’est engagé à supprimer).

CYRILLE DUPUIS ET CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr