Elle était l’immense favorite. Sans surprise, Marisol Touraine a été nommée ministre des Affaires sociales et de la Santé du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
En charge d’un large pôle « social, santé, handicap, personnes âgées » dans l’équipe de campagne de François Hollande, cette femme d’expérience, 53 ans, obtient très naturellement un maroquin au périmètre élargi puisque la Santé ne dispose pas d’un portefeuille autonome.
Députée d’Indre-et-Loire en 1997, battue en 2002 puis réélue en 2007, Marisol Touraine n’a jamais eu d’expérience ministérielle. Mais la fille du sociologue Alain Touraine, normalienne et agrégée d’économie, est une spécialiste des affaires sociales.
Secrétaire nationale du PS à la Solidarité et la protection sociale, elle a porté en 2010 le projet socialiste sur la réforme des retraites. Elle a été l’une des députées les plus en vue sur les bancs de l’opposition, ces dernières années, lors de la discussion des projets de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
Marisol Touraine n’a pas ménagé sa peine ces derniers mois. Devant la presse et les acteurs du secteur de la santé, cette proche de Pierre Moscovici a précisé sans relâche les propositions du nouveau chef de l’État sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, l’évolution du financement de l’hôpital, l’abrogation de la convergence public/privé ou encore la réforme de la dépendance.
Le chantier prioritaire des dépassements
Marisol Touraine devrait s’atteler en priorité à la négociation avec les médecins de ville sur l’encadrement des dépassements tarifaires. Le président de la République a exprimé sa volonté de mettre un frein aux nouvelles implantations de praticiens en secteur II dans les zones surdotées et d’encadrer « fermement par spécialité et par région » les compléments d’honoraires. La négociation pourrait être lancée avant les élections législatives. Si elle n’aboutit pas, des mesures pourraient être intégrées dans le prochain PLFSS, examiné à l’automne prochain.
Pour améliorer la répartition des médecins sur le territoire, la nouvelle ministre de la Santé avait appelé de ses vœux un ensemble de mesures portant sur les études, les forfaits, les maisons de santé, la coopération, l’aménagement du territoire, les services publics sans oublier la mise en place de « centres de santé avec des médecins salariés ».
Sur la convergence tarifaire entre public et privé, Marisol Touraine s’est montrée inflexible : « Le même acte n’a pas le même coût selon la structure et la personne hospitalisée, a-t-elle assuré. Et certaines pathologies sont davantage traitées dans le public que dans le privé. Avec François Hollande, la fin de la convergence aura bien lieu ». Le nouveau chef de l’État a d’ailleurs indiqué vouloir y mettre un terme d’ici juin 2013.
Marisol Touraine a en revanche d’ores et déjà confirmé que la loi HPST ne serait pas abrogée. « Nous ne remettrons pas en cause les ARS, par exemple », a-t-elle ainsi déclaré pendant la campagne.
Retardée par Nicolas Sarkozy à des jours meilleurs, la réforme de la dépendance sera « une priorité » du gouvernement. Marisol Touraine a déjà annoncé que François Hollande ferait voter une loi-cadre sur le vieillissement et la dépendance. Ce dossier devrait être confié à Michèle Delaunay, médecin cancérologue,chargée des personnes âgées et de la dépendance.
- Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des Personnes âgées et de la dépendance. Elle est l’une des trois médecins du gouvernements. Cancérologue, 65 ans, elle est députée de la 2e circonscription de Gironde.
- Dominique Bertinotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la santé, chargée de la Famille. Née en 1954 à Paris mais a vécu les vingt premières années de sa vie en Seine-Saint-Denis au gré des postes occupés par ma mère, directrice d’école élémentaire. Agrégée d’histoire, elle entre au PS en 1988. Depuis 2001, elle est maire du 4e arrondissement et conseillère de Paris.
- Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la santé, chargée des Personnes handicapées. L’ancienne députée européenne, 60 ans, conseillère générale des Bouches-du-Rhône depuis 1998, s’est distinguée par sa farouche opposition au président du département PS Jean-Noël Guérini. Elle affirme que le moteur de son engagement à gauche est le « combat » pour l’égalité hommes-femmes, « contre les discriminations, contre toutes les intolérances » et veut « faire entendre la voix du Sud, de Marseille » au gouvernement.
> L.A.
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