La France a franchi la « barre historique » des 900 000 tests hebdomadaires la dernière semaine d’août, s’est félicité le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Alors que l'épidémie de Covid-19 regagne de l'ampleur, l'exécutif met l’accent sur le premier pied du triptyque « dépister, tracer, isoler ». L’objectif « à court terme » est le million de tests hebdomadaires, a fixé le ministre de la Santé Olivier Véran.
Priorisation
Plusieurs mesures visant à faciliter l’accès (remboursé) aux tests ont été mises en œuvre : depuis un arrêté du 25 juillet, la liste des professionnels pouvant réaliser des prélèvements nasopharyngés a été élargie et une prescription médicale n’est plus indispensable.
Pour éviter la queue devant les laboratoires, Olivier Véran a précisé le 27 août un ordre de priorité. Les examens à visée diagnostique pour les personnes symptomatiques ou ayant été en contact avec un malade doivent être réalisés dans les 24 heures, avec rendu des résultats dans les 24 heures suivantes. Viennent ensuite les examens à visée de dépistage autre qu’une situation à risque (examen dès que possible, avec résultats le lendemain). Enfin arrivent les tests pour convenance personnelle ou à visée de surveillance épidémiologique, à réaliser « selon les capacités du laboratoire, en lien avec les deux autres priorités ». Fin août, 58 % des résultats étaient rendus en moins de 24 heures, 80 % en moins de 36 heures.
Les professionnels de santé ont eux aussi reçu de la Direction générale de la santé (DGS) la liste des (larges) critères pour se faire tester : présenter des symptômes évocateurs, être cas contact, avoir participé à un grand rassemblement, revenir d’une zone à risque ou prendre en charge des patients fragilisés (immunodéprimés, insuffisants respiratoires, sujets âgés).
L'espoir des tests salivaires
Pour développer l'accès aux tests, les points de dépistage se multiplient, par exemple à Paris, où des barnums doivent être installés devant les mairies. « Il ne faut pas tout demander aux laboratoires, il faut ouvrir des points dans des gymnases, des locaux », réclame le Syndicat des biologistes (SDB), tandis que l'Académie nationale de médecine recommande un réseau de laboratoires dédiés pour le diagnostic rapide et des équipes mobiles de dépistage pour les foyers de contagion.
Les espoirs se concentrent aussi autour des tests salivaires, réclamés notamment par les pédiatres et l'Académie de médecine. Des études doivent lever les incertitudes qui pèsent sur leur fiabilité (le SARS-CoV-2 serait moins présent dans la salive que dans le nez ou la gorge) avant une éventuelle homologation. Tel est l'objectif d'un essai clinique conduit en Guyane, au Centre Hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, pour lequel la Haute autorité de santé (HAS) a donné son aval à un forfait innovation, permettant le remboursement de ces tests. Une seconde étude (Salicov) devrait démarrer prochainement à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, tandis que sont explorées en parallèle les performances d'autres techniques de tests salivaires (comme EasyCov où la couleur de la pastille imbibée de salive donne un résultat rapide) ou des tests oropharyngés.
StopCovid, le flop
Néanmoins, cette stratégie gouvernementale de dépistage massif est contestée. D'aucuns considèrent qu'un dépistage plus ciblé (échantillon représentatif de la population, personnels et visiteurs des EHPAD, professionnels de santé, etc.) serait plus pertinent. Sans oublier qu'elle ne saurait à elle seule endiguer l'épidémie.
À cet égard, la stratégie de tracing numérique s'avère pour l'instant très décevante, si l'on en croit le peu d'engouement des Français pour l'application StopCovid (2,38 millions d'utilisateurs fin août).
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